Dr Andrew Mouland
Piratage des cellules hôtes et détournement de l'ARN
Université McGill
« La beauté du VIH-1 est qu'il doit faire son chemin dans la cellule et qu'il doit toucher à tout », explique le Dr Andrew Mouland, chef du Laboratoire de détournement de l'ARN du VIH-1 de l'Institut Lady Davis, et professeur agrégé à l'Université McGill, à Montréal. Ce phénomène fait du VIH-1 un excellent modèle pour étudier la façon dont les virus piratent la machinerie cellulaire à leurs propres fins. Le laboratoire du Dr Mouland possède une longue expertise dans deux domaines en particulier de la recherche sur le VIH-1 : le détournement de l'ARN (mouvement de l'ARN viral dans la cellule hôte) et les réactions au stress antiviral.
« Au départ, il s'agissait de recherche fondamentale sur la fonction d'une protéine liant l'ARN, et nous avons constaté qu'elle jouait un rôle important dans le cycle de réplication et l'assemblage viral. » Les résultats de cette recherche ont suscité un intérêt international et ont ouvert de nouvelles voies de recherche sur la façon dont les cellules réagissaient à l'infection au VIH-1. « Aujourd'hui, nous essayons d'appliquer ce que nous avons appris au cours de la décennie écoulée à l'étude des réponses au stress antiviral suivant l'infection et à la façon dont les virus s'y prennent pour contrer ces réponses », ajoute le Dr Mouland.
Un autre grand domaine de recherche abordé dans le travail du Dr Mouland a trait au détournement de l'ARN, c'est-à-dire le mouvement de l'ARN viral dans l'hôte et finalement, l'assemblage de nouvelles particules virales. « Nous avons observé des associations entre le détournement de l'ARN et la capacité d'influencer les principales machineries de l'hôte jouant un rôle essentiel dans l'expression génique de l'hôte. À mesure que l'ARN expulse le noyau à travers les pores nucléaires, il "désassemble" en fait le complexe des pores nucléaires; il les découpe en pièces, explique le Dr Mouland. De plus, il recrute sélectivement une protéine du complexe de pores nucléaires. Cela entraîne une redistribution de la protéine, car le virus l'emporte au cours du détournement du VIH-1 dans le cytoplasme de la cellule hôte et, finalement, dans les nouvelles particules virales qui bourgeonnent à partir de la cellule. Étudier la raison pour laquelle le VIH-1 a besoin de procéder ainsi présente quelques défis très stimulants! »
Le Dr Mouland dit espérer qu'une partie de la recherche fondamentale en cours dans son laboratoire aboutira à des cibles importantes dans le domaine thérapeutique : « Si nous pouvons cibler certains des moyens par lesquels le virus coopte des protéines ou des mécanismes cellulaires, nous pourrions mettre au point des stratégies ou des molécules thérapeutiques susceptibles de prévenir le mécanisme de récupération qui se déroule, dit le Dr Mouland. Il existe de petites molécules et des peptides qui peuvent bloquer la production du virus. Je ne doute pas que certains des phénomènes de l'ARN que nous observons pourraient être ciblés par les mêmes stratégies. »
Par l'intermédiaire de la nouvelle Initiative canadienne de recherche sur un remède contre le VIH, qui est un partenariat entre les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Fondation canadienne de recherche sur le sida (FCRS) et la Société internationale du SIDA (SIS), le laboratoire du Dr Mouland applique maintenant les compétences et les techniques acquises depuis une décennie pour participer à la mise au point d'un remède contre le VIH. « Nous travaillons dans ce que nous connaissons le mieux, soit le métabolisme de l'ARN et son devenir dans l'hôte. Nous essayons de voir si certains aspects du cycle de réplication virale peuvent influencer l'établissement et la réactivation de réservoirs latents. »
Comme nombre de biologistes moléculaires du domaine, le Dr Mouland est arrivé à la recherche sur le VIH-1 en utilisant le virus comme modèle. « Un aspect particulier de l'expression et de la régulation géniques m'intéressait, et j'ai trouvé un mentor d'un grand soutien en la personne du Dr Éric Cohen. Il a tout facilité pour moi. » En ce qui a trait à la poursuite de ses travaux, le Dr Mouland nous confie que le fait d'être chercheur et professeur stimule sa curiosité : « C'est l'emploi parfait – il y a toujours du nouveau. »
L'Association canadienne de recherche sur le VIH, l'Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (FCRS), le Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC (RCEV), ainsi que le Bureau de coordination de l'Alliance (BCA) de recherche et de développement de l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH souhaitent féliciter le Dr Mouland de son apport important à notre compréhension de l'épidémie de VIH. Son travail s'inscrit dans le cadre d'un vaste effort canadien de recherche qui améliore le sort des personnes touchées par le VIH, au Canada et dans le monde.
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