Dr Darrell Tan
Traitement du VIH dans la vraie vie
chercheur clinicien à St. Michael, Toronto,
et chargé d'enseignement à l'Université de Toronto
Selon les mots mêmes du Dr Darrell Tan, c'est la convergence de nombreuses voies qui l'a amené à une carrière de chercheur sur le VIH. En tant qu'étudiant de premier cycle en microbiologie et immunologie à McGill, le Dr Tan s'est intéressé à des enjeux internationaux. Il explique : « Je me suis intéressé à l'immunologie et à la microbiologie et, en même temps, j'ai été touché par les problèmes des pays en développement. J'ai commencé à percevoir les liens entre ce que je recevais dans les cours de microbiologie et ce que j'apprenais en matière de développement international et les défis que nous affrontons. » En même temps, le fait qu'il ait révélé son homosexualité et qu'il faisait partie d'une collectivité marginalisée et profondément affectée par l'épidémie de VIH a fait que la question le touchait de très près. « J'ai constaté que la recherche sur les maladies infectieuses en général et plus particulièrement sur le VIH constituait une carrière dans laquelle je pouvais faire une différence. »
Le Dr Tan axe maintenant ses recherches sur la prévention et le traitement du VIH/sida et la gestion des co-infections et comorbidités connexes transmises sexuellement. Actuellement, le Dr Tan et ses collègues, avec l'appui des IRSC, du Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC et de l'OHTN, mènent un essai clinique ouvert desur la prise quotidienne de Truvada par voie orale à titre de prophylaxie préexposition (PrEP) pour les HARSAH (hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes) à Toronto. Son objectif est d'évaluer dans la vraie vie l'utilisation de la PrEP. « Nous savons, d'après les essais cliniques, que cette intervention fonctionne pour prévenir la transmission du VIH comparativement à une étude aléatoire contrôlée par placébo, » explique le Dr Tan. « Par contre, il reste à répondre à des questions concernant la mise en œuvre de la PrEP et son adoption. Comment faire pour que les gens l'adoptent? Quelle expérience en tireront-ils? En tant que cliniciens, que pouvons-nous faire pour les aider? » L'étude comporte de plus un volet communautaire où l'on évaluera l'importance des organisations communautaires pour aiguiller les patients vers l'étude, le type de patients aiguillés et le rôle des organisations dans le lancement de la PrEP et le respect du traitement. Le volet communautaire de l'étude est essentiel car, de l'avis du Dr Tan, les réalités quotidiennes des gens ne sont pas toujours prises en considération dans la recherche. « Il faut trouver comment atteindre les gens d'une façon qui les interpelle. Il faut trouver des moyens d'appuyer les gens pour qu'ils adoptent les interventions dont nous connaissons l'efficacité biologique. »
Le Dr Tan et ses collègues mènent un autre projet, soit un essai clinique portant sur un médicament anti-herpétique, le valacyclovir. Avec l'appui des IRSC et du Réseau canadien des essais VIH des IRSC, il mène un essai aléatoire contrôlé par placébo pour déterminer si le valacyclovir ralentit la progression du VIH chez les gens qui ne sont pas sous thérapie antirétrovirale. L'étude a été au départ lancée parce que l'on croyait que l'herpès affectait la progression des pathologies du VIH et qu'en traitant l'herpès, on pourrait ralentir la progression du VIH. Pourtant, d'après certaines études récentes, cette relation est mise en doute. Par contre, comme l'explique le Dr Tan : « Nous avons recensé certaines autres études selon lesquelles le valacyclovir pourrait être en soi un médicament anti-VIH, ce qui laisse entrevoir un autre mécanisme par lequel il pourrait être utile. » Dans les cas où la thérapie anti rétrovirale est retardée (chez certains patients et conformément aux lignes directrices, dans d'autres pays), le valacyclovir pourrait être un moyen de traiter le VIH dans l'intervalle. « Il donne aux gens la possibilité de s'habituer à prendre un médicament chaque jour. »
Pour le Dr Tan, c'est encore la possibilité de faire la différence qui inspire son travail. « Quelques décennies se sont écoulées depuis le début de l'épidémie et les IST chez les personnes infectées par le VIH et les personnes à risque, ainsi que l'épidémie de VIH elle-même, demeurent des problèmes majeurs, particulièrement dans la collectivité des HARSAH, » de dire le Dr Tan, qui ajoute : « Je crois que le fait qu'il y a persistance, malgré les extraordinaires succès que nous avons connus, constitue la vraie calamité. Nous pouvons faire mieux… et nous le devons. »
L'Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l'Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l'Alliance (BCA) de recherche et de développement de l'Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaitent adresser leurs remerciements au Dr Tan et à ses collègues pour leur contribution importante à notre compréhension du VIH. Leur travail s'inscrit dans le cadre d'un vaste effort canadien qui fait la différence dans la vie des personnes affectées par le VIH, au Canada et de par le monde.
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