Dr Mark Brockman
Jeter les bases
Professeur agrégé, Université Simon Fraser
Le Dr Mark Brockman, titulaire d’une chaire de recherche du Canada et professeur agrégé à l’Université Simon Fraser, s’adonne à la recherche fondamentale et se spécialise dans la pathogénicité du VIH et dans la réaction immunitaire à l’infection par le VIH chez l’humain. S’il s’est concentré sur le virus de l’herpès chez des souris pendant ses études supérieures, il a saisi l’occasion qui s’est présentée à lui pour se consacrer au VIH en tant que boursier postdoctoral. « Je désirais mener des recherches sur une infection humaine qui fait les manchettes, explique-t-il. Je crois que la recherche fondamentale sur le VIH que nous menons en laboratoire progresse et devient de plus en plus pertinente sur le plan clinique. C’est une source de motivation incroyable pour nous d’imaginer d’autres personnes appliquer les connaissances issues de nos recherches. »
Actuellement, le Dr Brockman collabore à plusieurs projets. L’un de ces projets, financé par l’Initiative canadienne de vaccin contre le VIH, consiste à suivre un groupe d’adolescents et de jeunes adultes de Soweto et de Durban, en Afrique du Sud. « Nous employons des approches multidisciplinaires pour évaluer les facteurs de risque associés à l’infection par VIH et à d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS), précise-t-il. L’objectif consiste à mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain à l’échelle individuelle. » Le projet, qui compte plus de 200 participants, est dirigé conjointement par les Drs Angela Kaida et Jeremy Snyder, de l’Université Simon Fraser, et des collaborateurs de l’Afrique du Sud. À ce jour, les chercheurs ont obtenu des résultats étonnants. Ils ont notamment constaté une prévalence très élevée d’ITS non diagnostiquées et non traitées dans le groupe de participants. « En Afrique du Sud, on adopte souvent une approche syndromique en ce qui a trait aux ITS : les patients se présentent à la clinique et décrivent leurs symptômes, puis ils passent des examens et reçoivent un traitement, explique le Dr Brockman. Cependant, les diagnostics moléculaire ou clinique sont relativement peu utilisés dans l’évaluation. Les résultats que nous avons obtenus nous ont vraiment fait prendre conscience du problème sous-jacent des ITS non diagnostiquées chez les adolescents et les jeunes adultes sud-africains. »
Il s’agit d’un projet dans le cadre duquel on travaille sur la base : on établit des collaborations et on s’efforce de comprendre une situation à partir de zéro. « Ce projet me donne des occasions uniques de collaborer avec des spécialistes des sciences sociales, des épidémiologistes et des cliniciens-chercheurs sur le terrain, en Afrique du Sud, explique le Dr Brockman. Nous mettons en place un groupe efficace de chercheurs internationaux qui peuvent réellement jeter les bases et déterminer les grands défis sur le plan comportemental, biomédical et clinique. Nous pourrons ensuite commencer à nous attaquer à ces problèmes. »
Plus près de chez nous, le Dr Brockman fait partie du Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH dirigé par le Dr Éric Cohen à Montréal. Son laboratoire caractérise les séquences génétiques de réservoirs viraux latents pour comprendre leur évolution chez un patient. « Ce que nous constatons pendant cette période de latence, et surtout chez les patients qui ont reçu un traitement antirétroviral relativement tard après l’apparition de l’infection chronique, c’est que le réservoir latent déborde de virus qui ont déjà échappé à la réponse des lymphocytes T, explique le Dr Brockman. Nous essayons d’évaluer la façon dont les génotypes de ces virus latents pourraient compromettre notre capacité de les éradiquer. » Le travail de laboratoire est fait en partenariat avec la Dre Zabrina Brumme, du Laboratoire d’épidémiologie moléculaire sur le VIH/sida de l’Université Simon Fraser, et avec le Dr Art Poon, du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique, situé à l’Hôpital St. Paul’s. La latence virale est un obstacle de taille à la mise au point d’un remède contre l’infection par VIH. « Nous devrons trouver un moyen de cibler les cellules susceptibles d’avoir échappé aux lymphocytes T les plus efficaces chez le patient. Bien que l’élimination de virus talents ne soit qu’un objectif à très long terme, nous en apprenons beaucoup sur la biologie du virus et sur les façons dont le système immunitaire le reconnait et y réagit », ajoute le Dr Brockman.
Pour le Dr Brockman, spécialiste des sciences fondamentales, le travail multidisciplinaire est une expérience d’apprentissage. « Des gens issus de disciplines différentes peuvent utiliser les mêmes mots, mais leur attribuer des significations différentes. » Le Dr Brockman a de bons conseils à donner aux chercheurs qui travaillent en collaboration : « Il est très utile, voire essentiel que la collaboration repose sur des interactions personnelles et des relations amicales. C’est beaucoup plus facile de surmonter les obstacles lorsqu’on le fait avec des amis. » Les Beatles avaient donc raison : on va plus loin avec l’aide de nos amis.
L’Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l’Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l’alliance (BCA) de recherche et de développement de l’Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaitent adresser leurs remerciements au Dr Brockman pour sa contribution importante à notre compréhension du VIH. Son travail s’inscrit dans un vaste effort de recherche canadien qui améliore la vie des personnes touchées par le VIH au Canada et ailleurs dans le monde.
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