Plan stratégique des IRSC : atelier de concertation
Discours prononcé par le Dr Michael Strong, président des IRSC
10 septembre 2019
Bonjour.
Avant de commencer, je tiens à souligner que nous sommes rassemblés aujourd’hui sur le territoire traditionnel et non cédé de la nation algonquine, ce qui est significatif, étant donné l’engagement des IRSC, en tant qu’organisme subventionnaire de la recherche en santé, à bâtir des relations respectueuses et fondées sur la réciprocité avec les communautés autochtones du Canada. L’amélioration des résultats de santé des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis demeure une priorité des IRSC.
J’aimerais vous souhaiter la bienvenue à cet atelier, qui constitue une des étapes prévues dans l’élaboration du nouveau plan stratégique des IRSC. Nous vous avons invités à vous joindre à nous pour une multitude de raisons, notamment pour tirer parti de votre expertise et de vos connaissances. En donnant de votre précieux temps pour participer à cet atelier, vous contribuez à un processus qui aboutira à la définition d’une vision stratégique pour la recherche en santé au Canada.
Pour ceux d’entre vous qui ne m’ont pas encore entendu parler des IRSC, je désire souligner que ma vision pour l’avenir de l’organisation consiste à veiller à la satisfaction des attentes de la Loi sur les IRSC. Nous formons une entité unique au sein du gouvernement du Canada, car notre organisme est le seul à l’échelle fédérale dont le mandat est d’améliorer la santé de la population canadienne par la recherche. La Loi met en lumière le rôle crucial des IRSC, qui est « de coordonner, de canaliser et d’intégrer la recherche en matière de santé » en amont, tout « en guidant la prestation des services de santé et l’amélioration des résultats de santé » en aval.
Cette formulation laisse entendre que les IRSC ne peuvent réaliser seuls cet objectif audacieux. C’est précisément en raison de cette collaboration essentielle que nous avons amorcé un dialogue crucial l’hiver dernier avec nos partenaires de la recherche en santé – des organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé, des universités, des bailleurs de fonds de la recherche en santé provinciaux et territoriaux, des communautés autochtones et des groupes de patients – pour définir une vision commune d’un Canada en meilleure santé d’ici 2050, à mi-chemin du présent siècle. Nous sommes très conscients des problèmes de santé auxquels nous devons nous attaquer aujourd’hui pour améliorer la santé de nos enfants et petits-enfants demain. Voici notre mission et notre engagement que nous formulons ainsi : nous allons de l’avant, au-delà du court terme, en nous efforçant de penser à long terme.
Nous sommes très conscients que les découvertes scientifiques se succèdent à un rythme impressionnant et qu’elles offrent la possibilité de créer des changements de génération transformateurs – non seulement sur le plan des résultats cliniques, mais aussi sur celui du système à la base de ces changements. Le concept d’amélioration de la santé des générations futures par des investissements directs dans les changements au système n’a rien de novateur ni de révolutionnaire. Cette idée remonte à plus de cent ans. Au Canada, bien que Tommy Douglas fût le premier à caresser le rêve d’un accès équitable aux soins de santé pour tous les Canadiens et Canadiennes, quelles que soient leur situation économique et leurs conditions sociales, il est revenu aux générations ultérieures de protéger et de garantir ce droit. Aux États-Unis, la transformation du système de santé publique est souvent attribuée au « New Deal » de Franklin Delano Roosevelt; pourtant, ce programme n’a fait que codifier les engagements envers les générations futures. Les programmes New Deal et Medicare ont été les retombées concrètes d’une révolution réfléchie qui réclamait des changements nécessaires au statu quo.
Si nous sommes rassemblés ici aujourd’hui, c’est que le temps est venu de préparer une autre révolution. J’avancerais que les IRSC – et l’ensemble de l’écosystème de la recherche en santé – ont une occasion unique de s’affranchir des objectifs de recherche à court terme pour se consacrer à la définition claire de résultats ambitieux à long terme.
Pour tous les chercheurs en santé, cela suppose de reprendre contact avec notre motivation première à devenir chercheurs. Nous partageons tous la volonté profonde d’améliorer la condition humaine et la qualité de vie des prochaines générations. C’est pourquoi, même si nos discussions des deux prochains jours et des mois à venir contribueront à la création d’un nouveau plan stratégique audacieux pour les IRSC, nous devrons aussi élaborer une vision de notre travail ensemble, en tant qu’écosystème de la recherche en santé, pour produire une transformation viable.
Vous m’entendrez souvent faire référence à la Loi sur les IRSC. Cette mesure législative déterminante, qui fêtera ses 20 ans en 2020, exprime clairement les valeurs canadiennes centrales que sont la santé, le bonheur, le souci des autres, la coopération et le leadership. Elle intègre des livrables concrets, notamment l’exercice d’un leadership et la promotion de la collaboration dans la recherche en santé; la création d’un milieu de recherche en santé dynamique au Canada; l’élaboration d’un programme de recherche en santé intégré pour tout le pays; la création de connaissances et la promotion de leur application pour le bien de la santé; et le renforcement des capacités dans la communauté de chercheurs en santé. Bref, la Loi sur les IRSC s’apparente à une promesse du gouvernement du Canada à la population, et nous avons la responsabilité d’honorer cette promesse.
La Loi fait mention de trois outils principaux à utiliser pour améliorer la santé de la population canadienne : la création de connaissances, l’application des connaissances et le renforcement des capacités.
Nous pourrions discuter longuement du degré de fidélité des IRSC à ces valeurs et principes, mais il reste que nous en avons souvent dévié. Le processus d’élaboration du nouveau plan stratégique nous offre l’occasion de renouer avec ces valeurs et principes de manière significative.
Beaucoup d’entre vous m’ont aussi entendu parler de l’écosystème de financement de la recherche en santé. Les bailleurs de fonds de la recherche en santé au Canada comptent des ministères et organismes fédéraux, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les universités, les hôpitaux, les organismes de bienfaisance, le secteur privé et les donateurs, pour ne nommer que ceux-là. En jetant un regard critique à cette liste d’acteurs, nous constatons que tout cet écosystème finance la recherche en santé à hauteur d’environ 4 milliards de dollars par année, dont environ le quart provient des IRSC.
Il faut aussi mettre les choses en contexte : chaque année, notre pays consacre environ 270 milliards de dollars en fonds publics au système de santé. Or il est temps pour les IRSC de reconnaître qu’ils ne sont pas seuls à soutenir la recherche en santé ni à envisager de meilleurs résultats pour les Canadiens. Je soutiens – de façon convaincante, j’espère –, que cette réalité fondamentale échappe parfois aux IRSC, même s’ils font partie de cet écosystème. Nous avons maintenant l’occasion, et d’ailleurs le mandat, de recommencer à interagir avec cet écosystème.
Cela ne sera pas une mince tâche. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que le financement de la recherche en santé au Canada fait l’objet de débats animés. Chacun des éléments du système se perçoit comme indispensable à l’ensemble. Mais pour aller de l’avant, nous devons adopter une vision plus large du rôle des IRSC dans l’écosystème de la recherche en santé. Comme je l’ai mentionné auparavant, nous approchons du 20e anniversaire de fondation des IRSC, un moment crucial de notre histoire. Or, vous n’aurez pas à vous rendre très loin dans la lecture du rapport contenu dans votre documentation pour comprendre qu’il existe d’énormes divergences d’opinions au Canada sur le rôle que devraient jouer les IRSC.
Sans l’affirmer expressément, beaucoup semblent souhaiter que les IRSC redeviennent le Conseil de recherches médicales et le Programme national de recherche et de développement en matière de santé, essentiellement un simple outil de distribution du budget de recherche en santé du gouvernement. D’autres adhèrent pleinement à la Loi sur les IRSC et, ce faisant, démontrent qu’ils comprennent que cette loi représente l’essence même de notre organisme. Si les premiers et non les autres devaient avoir gain de cause, nous ne serions alors qu’un simple fournisseur de subventions de recherche, rien de plus. Je dirais que nous sommes plus que cela.
Les IRSC sont issus du CRM et du PNRDS, car ces entités ne répondaient plus efficacement aux besoins de la population. C’est d’ailleurs un point sur lequel insiste la Loi sur les IRSC, qui stipule que les IRSC ont pour mandat d’améliorer la santé des Canadiens par la recherche en santé. Ce mandat inclut un travail sans compromis de création de connaissances, d’application des connaissances et de renforcement des capacités. Ce concept est au cœur même de notre identité et doit demeurer au cœur de tout plan stratégique et de toute vision à long terme.
Qu’est-ce que cela pourrait signifier concrètement? Comme vous le savez sans doute, au cours des neuf derniers mois, nous avons pris quelques décisions qui ont été en grande partie acceptées, mais non sans controverse; une issue très saine et même souhaitable. Mais en tant qu’organisme résolu à prendre ses décisions sur la base de données probantes, les IRSC doivent faire des choix défendables et fondés sur une analyse critique de toutes les données, pour ensuite tester le bien-fondé de ces choix à la lumière de résultats clairement définis. Lorsque nous nous écartons de notre mandat en vertu de la Loi sur les IRSC, nous devons soumettre nos résultats à une évaluation critique. Notre ligne de conduite ne peut être dictée par une minorité.
Pour la suite des choses, vous pouvez donc vous attendre à ce que les IRSC scrutent tous les aspects de l’organisation, y compris l’origine des programmes actuels ainsi que les motifs d’abandon de programmes auparavant fructueux. Nous devrions évaluer nos activités en fonction des résultats pour les IRSC, mais aussi en tant que membre à part entière de l’écosystème de la recherche en santé.
Prenons par exemple la question du financement et du taux de réussite des chercheurs. En tant que chercheur actif, je suis bien placé pour savoir que ces questions concernent notre existence même. Vous ne devriez donc pas être étonnés par la grande diversité d’opinions sur la façon dont les IRSC distribuent leur budget. Certains soutiennent que nous n’investissons pas de manière optimale et préconisent le mouvement des fonds d’une cagnotte à une autre, en affirmant que la meilleure recherche voit le jour lorsque les « forces du marché » s’exercent librement dans le cadre de concours ouverts. D’autres affirment que les concours de recherche priorisée s’imposent pour combler les lacunes et pour s’attaquer aux priorités émergentes.
Ne vous y trompez pas. Comme tous les chercheurs au pays, j’ai passé la majeure partie de ma carrière à déplorer les taux de réussite individuels des concours. Et jamais je ne me suis arrêté pour me demander si les IRSC tentaient de remplir un plus large mandat. Alors je comprends. Ces arguments passent toutefois à côté des véritables questions : qu’espérons-nous accomplir avec nos investissements, et la configuration de l’organisme est-elle optimale pour réussir? L’argent des contribuables canadiens, dont nous faisons tous partie, est-il utilisé de façon optimale pour atteindre l’objectif de meilleurs résultats de santé pour tous les Canadiens et Canadiennes?
Vous pourriez aussi demander « à qui appartient le plan stratégique » et, au bout du compte, « envers qui sommes-nous responsables de sa réalisation ». Très simplement, je suis responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un plan stratégique, mais en réalité, je dois rendre des comptes au conseil d’administration dans ce processus. Il n’est peut‑être pas étonnant, compte tenu de l’histoire récente des IRSC, que nous collaborions étroitement avec notre conseil d’administration et sa nouvelle présidente afin de nous assurer que nous sommes bien préparés pour exercer cette reddition de comptes. Il est à noter que nous avons séparé les rôles de président des IRSC et de président du conseil d’administration, et que notre conseil d’administration a maintenant tous ses membres qui incluent des gens pourvus d’une vaste expertise scientifique et représentatifs des régions du pays. Les membres du conseil d’administration – y compris sa nouvelle présidente, la Dre Jeannie Shoveller – assistent à cet atelier en tant qu’observateurs et porteront une grande attention à vos commentaires de façon à pouvoir en tenir compte dans leurs délibérations. Jeannie prononcera aussi une allocution de clôture à la fin de la séance de demain.
L’engagement du conseil d’administration est essentiel, car c’est au conseil que revient la responsabilité d’établir l’orientation stratégique des IRSC, énoncée dans le nouveau plan de l’organisme. Nous sommes d’ailleurs dans un processus de deux ans visant à réaménager nos structures de gouvernance dans le but de faire des IRSC un modèle en matière de principes de gouvernance modernes. Au terme de ce travail, les processus et les responsabilités connexes seront clairement définis et bien compris, puisqu’ils sont garants de l’efficacité et de l’efficience des processus décisionnels.
En bref, nous nous assurons que sont en place toutes les pièces nécessaires à la réalisation du nouveau plan stratégique.
Je tiens aussi à souligner que ce processus de planification stratégique est entrepris dans un environnement unique qui m’oblige à rendre des comptes directement à la ministre de la Santé et, par son intermédiaire, à tous les Canadiens et Canadiennes en tant que fonctionnaire. Nous ne devons jamais oublier que nous travaillons à améliorer la santé des Canadiens par la recherche et que, dans ce rôle, nous faisons partie d’une mosaïque fédérale intégrée.
En vous préparant à l’atelier d’aujourd’hui, j’imagine que vous avez cherché à mieux comprendre le mandat des IRSC – et à saisir la complexité de ce mandat tentaculaire. Cependant, à mesure que nous nous familiarisons avec le mandat des IRSC, nous comprenons aussi mieux l’ampleur du défi qui nous attend : comprendre véritablement l’état de santé des Canadiens et Canadiennes et son évolution au cours des 30 prochaines années. Comme vous le savez, la population du Canada (et celle du monde) vieillit considérablement. Les personnes de plus de 65 ans sont maintenant plus nombreuses au pays que celles de moins de 15 ans. Comme dans beaucoup de pays du monde, ce vieillissement de la population est le plus marqué chez les centenaires.
Pour bien comprendre ce changement démographique, nous devrions aussi regarder hors de nos frontières. Cela concorde d’ailleurs avec la vision des fondateurs des IRSC selon laquelle l’organisation doit collaborer activement avec la communauté de recherche internationale. Vous n’avez qu’à consulter les données sur le vieillissement au Japon; notre avenir est déjà leur réalité. Il s’agit d’un problème international, et les chercheurs canadiens doivent pouvoir faire équipe avec le reste du monde pour mieux comprendre le phénomène. C’est pourquoi nous avons besoin d’un plan stratégique qui soit représentatif de notre rôle de leader en santé mondiale.
Je crois que le moment est venu pour les bailleurs de fonds de la recherche en santé au pays – le gouvernement du Canada, les provinces et territoires, les organismes de bienfaisance en santé et les organisations philanthropiques, les universités et les hôpitaux, le secteur privé et les autres acteurs – d’unir leurs efforts pour exploiter l’énorme bassin de talent et d’expertise que possède le pays. En travaillant ensemble comme un seul écosystème de financement coordonné, nous pourrions éviter les chevauchements et canaliser nos ressources dans la poursuite de nos objectifs communs pour, en fin de compte, améliorer la santé de la population canadienne.
Qu’est-ce que cela pourrait signifier concrètement?
Les inégalités en matière de santé représentent un problème majeur au Canada. Il suffit de se promener une vingtaine de minutes dans la rue pour le constater. Prenons l’exemple du diabète. Cette maladie figure parmi les dix principales causes de décès dans le monde. On estime que près de 9 % des adultes âgés de 20 à 79 ans sont atteints du diabète et que plus de 7 % des Canadiens âgés de 12 ans et plus ont reçu un diagnostic. Mais ces statistiques sont faibles en comparaison de nos communautés autochtones. Dans certaines Premières Nations, environ 8 personnes sur 10 développeront le diabète au cours de leur vie. En plus de brosser un tableau plutôt sombre, ces statistiques soulignent l’importance de porter attention aux inégalités en matière de santé et aux populations vulnérables dans notre pays.
J’aurais pu choisir plusieurs exemples autres que le diabète. Pensons notamment aux taux alarmants de tuberculose chez les Inuits, presque trois cents fois plus élevés que dans le reste du pays et parmi les plus élevés au monde. Il y a quelques semaines, j’écoutais Natan Obed, le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), poser la question d’un intervieweur de la CBC : « Combien de cas faut-il pour déclarer une crise? » Comme l’insinuait le président Obed, je pense que le nombre de cas en question a été atteint il y a longtemps. Quelle est donc la place des chercheurs canadiens dans les efforts pour comprendre cette crise?
Bien sûr, la liste de problèmes de santé au Canada est pratiquement sans fin. J’aurais pu aussi bien choisir un exemple frappant comme les maladies du cœur, l’hypertension, la maladie mentale, la démence, l’obésité, l’arthrite, la résistance aux antimicrobiens, les temps d’attente dans les hôpitaux, et ainsi de suite.
Alors quel est donc le lien avec notre présence ici aujourd’hui? D’une part, il s’agit pour nous d’une occasion d’examiner ces grands défis de société et, d’autre part, d’adopter une approche stratégique dans nos discussions et notre réflexion. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. C’est un processus que nous avons entamé l’automne dernier par des discussions avec nos collègues du secteur de la santé de tout le pays dans le but de sonder leur intérêt pour l’étude d’initiatives stratégiques qui pourraient influencer les résultats de santé à long terme des Canadiens et Canadiennes. Nous avons été ravis de constater le vif intérêt suscité et nous avons pu procéder à une analyse approfondie du contexte des priorités provinciales et territoriales en matière de santé.
Nous avons poursuivi le processus en demandant à un large éventail de la population de se prononcer sur les initiatives stratégiques des IRSC. Nous avons sollicité les conseils et les commentaires d’éminents chercheurs et d’organismes de recherche internationaux, dont les dirigeants d’organismes de recherche internationaux (HIRO), les NIH et l’Alliance mondiale contre les maladies chroniques. Nous avons créé des sites Web, organisé des séances de discussion ouverte, rencontré différents groupes, collaboré étroitement avec les communautés autochtones et, de concert avec Statistique Canada, demandé aux Canadiens eux-mêmes quelles étaient leurs priorités en matière de recherche en santé.
Nous avons reçu soutien et encouragement à chaque étape de ce processus. Je remercie tous ceux et celles qui ont participé à ces différentes activités de mobilisation. Je tiens aussi à remercier toutes les personnes qui conseillent les IRSC avec brio dans leur planification stratégique. Je parle notamment du comité consultatif des citoyens, dont les membres contribuent à faire entendre la voix des citoyens dans la préparation du prochain plan stratégique; du comité consultatif des partenaires financiers, qui continue de s’assurer de la participation significative de nos partenaires financiers tout au long de ce processus; et également des quatre chercheurs qui composent le groupe de validation externe, qui nous a fourni des conseils sur la méthodologie, les techniques d’analyse et l’interprétation des données tirées de nos consultations avec la communauté jusqu’à présent.
Nous vous présentons aujourd’hui un résumé des divers avis reçus jusqu’à présent dans le processus de planification stratégique. Il inclut des divergences d’opinions très nettes sur la forme que devrait prendre la recherche en santé au Canada. Cependant, dans cette panoplie d’idées, on peut discerner quelques perspectives communes qui concordent étroitement avec les valeurs et les principes fondamentaux des IRSC, dont j’ai parlé plus tôt. Nous aurons pour tâche, au cours des deux prochains jours, de démêler ces données pour en dégager des principes communs sur lesquels fonder le prochain plan stratégique des IRSC. Comme je l’ai mentionné dans la lettre de présentation du document de l’atelier, ces données ne forment qu’un élément du processus, mais il s’agit d’un moment crucial, et nous nous tournons vers vous pour comprendre les enjeux fondamentaux.
Permettez-moi de vous donner un exemple de nos attentes. Vous verrez que le document contient un large éventail d’opinions par rapport aux instituts. Certains estiment que les instituts devraient être dissous. D’autres plaident en faveur d’une hausse du nombre d’instituts, et exercent des pressions en ce sens. Mais à la question « pouvons-nous utiliser et utilisons-nous les instituts comme outil stratégique pour influencer les résultats de santé des Canadiens et Canadiennes », aucune de ces deux solutions n’est pertinente. Si nous posons en principe que nous devrions examiner une approche à long terme pour éliminer les disparités en matière de santé au pays, nous devons nous demander si les instituts des IRSC sont idéalement configurés pour remplir ce mandat – et non si certains instituts devraient être supprimés ou conservés. Quels sont les principes directeurs?
Vous constaterez aussi de fortes divergences d’opinions sur le financement, non seulement sur le montant à accorder aux différents chercheurs, mais aussi sur la façon dont les IRSC devraient le distribuer et sur les groupes qui devraient en bénéficier. Vous lirez des arguments en faveur d’un taux de réussite de 20 à 25 % pour chaque concours de subventions ouvert. Cependant, aussi difficile et contradictoire que cela puisse paraître (et croyez-moi, je vous comprends), je propose que nous mettions de côté les arguments statistiques et mathématiques pour nous concentrer sur les questions essentielles, à savoir : quels sont les principes qui guideront le financement des chercheurs, et comment pouvons-nous distribuer ce financement d’une manière équitable à un éventail d’entités de recherche?
Avant de nous attaquer à ces questions, examinons le déroulement de la journée. Vous remarquerez que nous avons recouru à de l’aide extérieure pour nous assurer que les deux prochains jours seront productifs. Le cabinet Gestalt Consulting a contribué à structurer les séances en s’inspirant des pratiques exemplaires tirées de vastes exercices de projection semblables tenus à l’échelle nationale. Vous noterez aussi qu’en plus des membres du conseil d’administration dont j’ai parlé précédemment, mon équipe de la haute direction est sur place et disposée à répondre à vos questions dans votre réflexion sur ces sujets très difficiles. Considérez-nous comme des ressources à votre disposition en temps réel, et n’hésitez pas à nous appeler à votre table.
Chaque séance accueillera des observateurs, provenant pour la plupart des groupes susmentionnés, en plus de représentants du milieu scientifique extérieur. Leur rôle consistera à écouter attentivement, car à la prochaine étape de la planification, nous devrons commencer à mettre nos idées sur papier et entamer la rédaction du plan stratégique. Les animateurs de chaque séance ont pour but non pas d’influencer vos décisions, mais de faciliter vos discussions. Le processus de la première journée sera très itératif. Demain, nous nous réunirons de nouveau pour cerner les points de convergence entre les groupes de travail.
Je vous demanderais surtout, bien que cela soit contre nature, de mettre de côté vos objectifs et priorités individuels. Soyons réalistes : nous en avons tous. Cependant, cet atelier n’est pas l’occasion de faire pression en faveur d’un point de vue ou d’une priorité en particulier. Il n’y a rien à gagner ni à perdre aujourd’hui ou demain. Il s’agit ici d’avoir un dialogue et de mieux comprendre les points de vue de nos collègues et des Canadiens et Canadiennes sur l’avenir des IRSC. Si vous aimeriez promouvoir une idée très précise, je vous prierais donc d’en faire abstraction durant ce processus.
Le secteur de la recherche évolue, à l’instar de notre jeune nation. Les IRSC n’ont pas encore 20 ans; ils sont encore en développement ou – comme pourrait l’exprimer un neuroscientifique – ils ne sont pas encore complètement myélinisés. Cette maturation se produit dans une fenêtre temporelle sans précédent sur le plan de la diversité des connaissances et des outils accessibles au chercheur moyen. De plus, en tant que chercheurs, nous travaillons moins en vase clos que par le passé. Nous sommes en mesure de voir clairement les interrelations entre les objectifs communs de nombreux acteurs dans leur domaine, tant canadiens qu’étrangers. Cette évolution vers un degré de collaboration plus élevé touche aussi les bailleurs de fonds de la recherche en santé du Canada. Nous avons pour volonté collective d’accélérer cette évolution naturelle. Ce faisant, nous devons cependant accepter que le chercheur demeure une pièce essentielle du casse-tête de la recherche en santé. Comment faire pour soutenir ces chercheurs durant toute leur carrière? Comme j’y ai fait allusion précédemment, nous devons travailler ensemble et agir comme un système de financement unifié afin de créer une vision commune, d’harmoniser nos efforts, d’éviter les chevauchements et de maximiser le rendement de notre investissement collectif. Veuillez garder cet aspect en tête durant vos délibérations.
Je sais que certains n’ont pas pu se joindre à nous en personne, et c’est pourquoi les résultats de la phase 1 du travail de mobilisation et les résultats de cet atelier seront communiqués à l’ensemble du milieu scientifique à la suite de l’atelier.
Je veux que vous sachiez tous que l’élaboration et la mise en œuvre de ce nouveau plan stratégique constituent la plus haute priorité des IRSC. Merci à tous d’avoir pris le temps d’être ici. J’ai hâte d’entendre vos idées.
Je cède maintenant la parole à mon collègue, Michel Perron, vice-président directeur des IRSC, qui nous expliquera les détails de l’atelier.
Merci.
- Date de modification :