Déterminer si les incendies de forêt ont causé une pollution toxique à Fort McMurray
L’analyse d’un chercheur jette un éclairage pour les résidents et les pompiers de la communauté
28 février 2020
Chaque année, des feux se déclarent dans les forêts et les prairies du Canada. Ces incendies peuvent résulter de causes naturelles, comme la foudre, ou de l’activité humaine, comme les cigarettes jetées, les gaz d’échappement de véhicules ou les feux de camp non surveillés. Dans certains cas, ils peuvent s’étendre à des zones habitées et avoir des effets dévastateurs, détruisant des propriétés, mettant des vies en danger et forçant des évacuations massives. Pareille dévastation peut être lourde de conséquences pour la santé. Les effets des particules qui peuvent se déposer dans les maisons et les bâtiments, ou qui restent suspendus dans l’air, sont une préoccupation constante pour les intervenants et les résidents qui rentrent chez eux.
L’inquiétude était bien réelle à Fort McMurray en mai 2016 lorsque des incendies de forêt ont forcé 80 000 personnes à fuir leur domicile et leur communauté. Longtemps après l’extinction des incendies, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont demeurés dans l’environnement, résultat de la combustion de bois et de métaux lourds. Les HAP sont des substances toxiques dangereuses dans l’air qui sont associées au cancer du poumon et qui peuvent aussi causer des problèmes de santé cardiovasculaire et reproductive.
Le Dr Arthur Chan, professeur agrégé de génie chimique et de chimie appliquée à l’Université de Toronto, a décidé d’étudier les répercussions des incendies de forêt de 2016 à Fort McMurray, son étude financée par les IRSC portant sur la caractérisation et l’évaluation de la toxicité des cendres.
« Nous avons prélevé de la poussière du domicile de 120 participants avec un aspirateur », explique le Dr Chan. « Par exemple, des échantillons de poussière provenant soit des paillassons d’entrée et des autres aires de la maison où l’on passe beaucoup de temps, comme les salles de séjour et les chambres à coucher, soit d’aires qui sont rarement nettoyées, comme les sous sols et les greniers. »
Les participants à l’étude du Dr Chan ont également répondu à un questionnaire portant sur la structure générale de leur domicile, leur systèmes de chauffage et de climatisation, leurs services de nettoyage et les rénovations qu’ils pouvaient avoir faites après les incendies. Tous les échantillons de poussière prélevés dans les maisons de Fort McMurray entre 2017 et 2018 ont été placés dans des contenants stériles, puis analysés par l’équipe de recherche du Dr Chan à l’Université de Toronto.
Des résultats surprenants…
« Selon les lignes directrices environnementales pour les taux de substances toxiques dans d’autres villes canadiennes, les concentrations de métaux et de HAP dans les maisons de Fort McMurray ne mettaient pas la vie en danger après les incendies », explique le Dr Chan. « Nous avons détecté une petite différence dans les niveaux d’arsenic, mais ce n’était pas dangereux – et probablement dû à la combustion de bois traité à l’arséniate de cuivre chromaté. »
Le Dr Chan a présenté les résultats de sa recherche à l’occasion d’un forum sur l’application des connaissances organisé par l’Université de l’Alberta en novembre 2019. Y assistaient des pompiers de Fort McMurray ainsi que des participants à son étude.
Le Dr Brian Rowe, directeur scientifique de l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire des IRSC, est fier de la réponse rapide orchestrée par les IRSC pour s’attaquer aux effets des incendies de forêt sur la santé avec un partenariat entre le gouvernement de l’Alberta et la Croix Rouge canadienne.
Outre le travail du Dr Chan, six autres projets de recherche sur les effets des incendies de forêt de Fort McMurray sur la santé ont reçu environ 500 000 $ chacun sur une période de deux ans.
« Il y a des liens entre les six projets, dont deux qui sont financés par la Croix Rouge canadienne (CRC) et qui ont pour but de renforcer la résilience individuelle et de s’attaquer aux questions de santé mentale et aux aspects psychosociaux », affirme Ali Paul, directrice des programmes de protection et de soutien psychosocial à la Croix Rouge. « En regroupant les projets relatifs aux incendies de forêt, on peut vraiment voir les liens et avoir une vision plus globale de la manière dont le rétablissement peut se dérouler. Les résultats aideront les communautés de Wood Buffalo à se rétablir, mais ils pourront également s’appliquer dans d’autres contextes. »
Le partenariat et la collaboration entre les IRSC, Alberta Innovates et la Croix Rouge canadienne représentent de nouvelles façons de travailler ensemble.
« On a certainement un exemple ici que la science est en train de devenir un sport d’équipe », renchérit le Dr Rowe.
Un partenariat avec le ministère de l’Environnement et des Parcs de l’Alberta a aidé le Dr Chan à recueillir des cendres du sol à Fort McMurray pour qu’il puisse procéder à leur analyse. La Wood Buffalo Environmental Association a aidé à analyser les données sur la qualité de l’air, et le ministère de la Santé de l’Alberta a offert sa contribution pour vérifier la qualité environnementale de l’air après les incendies.
« C’est une recherche importante », souligne le Dr Rowe. « L’étude du Dr Chan rassure non seulement les résidents de Fort McMurray, mais elle aidera aussi d’autres communautés victimes de catastrophes naturelles semblables à l’avenir. »
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