Résumé de recherche du RIEM
Revue rapide des lignes directrices pour la prise en charge de la douleur chronique et des troubles concomitants de santé mentale ou de consommation de substances
*Cette recherche a été financée par le Réseau sur l’efficacité et l’innocuité des médicaments des IRSC
Quelle est la question?
En 2018, l’OMS et un groupe de travail international ont proposé une définition et un système de classification de la douleur chronique, faisant avancer la reconnaissance de cette douleur comme trouble de santé à part entière. La douleur chronique augmente le risque de problèmes de santé mentale (p. ex. dépression, anxiété), de perte de fonction cognitive, de détérioration de la santé (p. ex. fatigue, invalidité) ainsi que de troubles du fonctionnement social. Ces troubles peuvent en outre exacerber les symptômes de maladie mentale. Par ailleurs, la stigmatisation de la douleur chronique et la réticence des professionnels de la santé à recourir à certaines interventions, comme le traitement aux opioïdes, peuvent compliquer les efforts thérapeutiques, d’où le risque de consommation problématique de substances et de traitement insuffisant de la douleur chronique. Nous avons effectué une revue rapide afin de déterminer les pratiques exemplaires pour la prise en charge de la douleur chronique dans le contexte de troubles de santé mentale ou de consommation de substances.
Résumé
- Il manque de données de haute qualité pour alimenter les lignes directrices sur la prise en charge de la douleur chronique et des troubles concomitants de santé mentale ou de consommation de substances.
- Pour prendre en charge la douleur chronique et les troubles concomitants de santé mentale ou de consommation de substances, nous devons mieux comprendre quelles sont les interventions à privilégier ou à éviter. Il existe des recommandations générales et des contre-indications pour les personnes souffrant de douleurs chroniques accompagnées d’autres troubles, mais des précisions s’imposent quant aux interventions qui sont efficaces auprès de cette population complexe.
- Pour les personnes ayant des douleurs chroniques ainsi que des troubles de santé mentale, les RPC préconisent la prestation de soins psychologiques et de soins multidisciplinaires, ainsi que l’adaptation d’interventions en fonction du trouble de santé mentale. L’utilisation du ziconotide ou d’un stimulateur du ganglion spinal est d’ailleurs déconseillée. L’importance de considérer la pertinence de l’administration intrathécale de médicaments pour les personnes ayant des douleurs chroniques est également mise en relief.
- Des revues systématiques futures fourniront peut être une plus vaste gamme de données pour peu que la recherche soit ciblée sur les études liées au traitement de la maladie mentale ou de la consommation de substances dans le contexte de la douleur chronique.
Auteurs : Danielle Rice, Dianna Wolfe, Mona Hersi, Leila Esmaeilisaraji, Claire Butler, Pauline Barbeau, Becky Skidmore, Brian Hutton
Pour en savoir plus, communiquez avec le Dr Brian Hutton : bhutton@ohri.ca
Quel était le but de l’étude?
Les questions suivantes ont été étudiées :
- Qu’est ce que les lignes directrices et les articles de synthèse des connaissances recommandent pour la prise en charge de la douleur chronique et des troubles concomitants de santé mentale ou de consommation de substances?
- Quels sont les accords et les divergences dans les recommandations pour la prise en charge de la douleur chronique dans le contexte de troubles de santé mentale ou de consommation de substances?
Comment l’étude a t elle été menée?
Les bases Ovid MEDLINE, y compris Epub Ahead of Print et In-Process & Other Non-Indexed Citations, Embase Classic + Embase et PsycINFO ont été dépouillées en 2020 pour y trouver les recommandations pour la pratique clinique (RPC), les aperçus de revues/revues générales, les aperçus de lignes directrices et les méta analyses en réseau portant sur les personnes ayant une douleur chronique, y compris les personnes présentant des troubles concomitants de santé mentale ou de consommation de substances. Les études ont été prises en compte si : 1) elles répondaient aux critères de qualité pour les RPC ou les revues systématiques; 2) avaient été réalisées ou publiées au Canada, aux États Unis, au Royaume-Uni ou en Australie, ou étaient des RPC internationales ou européennes; 3) étaient disponibles intégralement en anglais ou en français. Nous nous sommes intéressés aux interventions pharmacologiques, psychologiques, physiques, fondées sur l’autoprise en charge et multidisciplinaires qui visaient à prendre en charge la douleur chronique chez les personnes présentant des troubles concomitants de santé mentale ou de consommation de substances. Nous avons extrait les recommandations et les conclusions des aperçus et des méta-analyses en réseau pour les interventions d’intérêt. Les données extraites ont été colligées et synthétisées, et les recommandations et les messages similaires ont été regroupés pour démontrer qu’il y avait accord.
Qu’a révélé l’étude?
- Neuf ensembles de RPC et deux aperçus de haute qualité ont été considérés.
- Les RPC visent plus fréquemment les troubles de santé mentale que les troubles de consommation de substances; toutefois, les recommandations sont plus souvent générales (p. ex. fournir des soins psychologiques) que précises (p. ex. fournir une psychothérapie, comme une thérapie cognitivo comportementale).
- Des recommandations sont émises quant au moment des interventions, aux interventions conseillées ou déconseillées, aux types de soins et aux considérations relatives aux avantages et aux risques.
- Les interventions recommandées comprennent la pharmacothérapie (p. ex. traitement par agonistes opioïdes), les soins psychologiques (p. ex. soutien psychologique), les interventions physiques (p. ex. stimulation transcrânienne à courant continu) et certaines méthodes de prestation des soins (p. ex. soins multidisciplinaires).
- Le nombre de recommandations sur ce qu’il NE faut PAS faire est considérable, alors que les conseils pour la prise en charge optimale de la douleur chronique chez les personnes présentant des troubles concomitants sont moins nombreux.
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