La grossesse et les vaccins contre la COVID-19
La question à 1 000 $
Le vaccin contre la COVID-19 nuira-t-il à ma fertilité?
La réponse concise
Non.
Les données actuelles et les études scientifiques indiquent que les vaccins contre la COVID-19 ne nuisent pas à la capacité d’une femme de devenir enceinte ou de mener une grossesse à terme.
La recherche montre également que ces vaccins sont sans danger pendant la grossesse. En effet, les données révèlent qu’aucune hausse du risque de fausse couche ou de complications pendant la grossesse n’est associée aux vaccins.
En fait, les experts recommandent la vaccination, que vous soyez actuellement enceinte (peu importe le trimestre) ou que vous ayez l’intention de le devenir, en partie parce que contracter la COVID-19 pendant une grossesse peut être risqué.
Si vous avez des questions ou que vous souhaitez discuter des meilleures options pour vous, n’hésitez surtout pas à aborder le sujet avec votre fournisseur de soins de santé.
Remarque : L’information présentée ici découle principalement d’études portant sur les vaccins à ARNm contre la COVID-19 (Pfizer-BioNTech et Moderna).
Apprenez-en plus sur les avantages de la vaccination contre la COVID-19, la façon dont les vaccins à ARNm fonctionnent et des moyens astucieux d’atténuer la peur et la douleur liées aux aiguilles.
L’histoire en détail
La grossesse peut être source d’anxiété, et cela était le cas bien avant qu’une pandémie ne vienne chambouler nos vies. Si vous êtes actuellement enceinte, comptez le devenir, tentez de le devenir ou, peut-être, avez cette possibilité à l’esprit pour le futur, vous avez probablement des questions au sujet des effets des vaccins contre la COVID-19 sur la grossesse et la fertilité. Et c’est parfaitement compréhensible!
Malheureusement, la mésinformation au sujet des effets des vaccins contre la COVID-19 sur la fertilité prolifère, causant beaucoup de stress, de peur et de confusion.
Même si on retrouvera toujours des rumeurs infondées sur le Web, la bonne nouvelle est que les données provenant des études scientifiques du monde entier sont très rassurantes. Un très vaste ensemble de données probantes nous montre que les vaccins contre la COVID-19 n’interfèrent ni avec la fertilité ni avec la grossesse.
Pourtant, j’ai entendu dire que les vaccins endommagent le placenta. Est-ce vrai?
Non, ce n’est pas vrai.
Cette rumeur, qui a commencé à circuler à l’époque où les premiers vaccins contre la COVID-19 ont été approuvés au Canada et aux États-Unis, portait sur la syncytine-1, une protéine qui joue un rôle clé dans le développement du placenta.
Le ouï-dire et ses différentes versions suggéraient que la protéine de spicule du SRAS-CoV-2 et la syncytine-1 avaient des structures similaires, et qu’entraîner le système immunitaire à reconnaître et à attaquer la protéine de spicule l’inciterait, à tort, à également s’attaquer à la syncytine-1. La conclusion (erronée) était que cette réponse immunitaire aurait pour effet d’endommager le placenta et de mettre la grossesse à risque. Mais ce n’est pas le cas.
En réalité, la protéine de spicule du coronavirus et la syncytine-1 ont des structures très différentes; donc, dès le départ, l’affirmation était fausse. Pour éliminer tout doute, les scientifiques ont également réalisé des études pour évaluer la réactivité croisée. Cela signifie qu’ils ont fait des tests pour vérifier si les anticorps produits par le système immunitaire contre la protéine de spicule réagissaient à la syncytine-1. Ils n’ont décelé aucun signe de réactivité croisée : les anticorps n’ont même pas perçu la syncytine-1, et l’ont encore moins attaquée!
Les vaccins contre la COVID-19 ne causent aucun dommage au placenta, mais cela peut être le cas d’une infection à la COVID-19 pendant la grossesse. Apprenez-en davantage ci-dessous.
Comment peut-on en être certain, puisqu’il n’y avait pas de participantes enceintes dans les essais cliniques?
De nombreuses études sont menées sur une foule de paramètres, de la réactivité croisée des anticorps (comme décrit précédemment) à l’effet du vaccin contre la COVID-19 sur la fonction ovarienne, en passant par les taux d’implantation des embryons conçus par fécondation in vitro, les taux de fertilité en général (la capacité à devenir enceinte), la durée des grossesses, les fausses couches et l’état de santé de la mère et du nouveau-né.
Certaines de ces études consistaient en l’examen de tissus en laboratoire. Dans d’autres, on a surveillé les données de dossiers médicaux en quête d’irrégularités ou de tendances. Dans d’autres encore, réalisées à grande échelle, on a recruté et suivi de façon approfondie des personnes participantes (par exemple, au moyen de questionnaires et d’échantillons de sang ou d’autres échantillons biologiques).
C’est un domaine de recherche particulièrement effervescent, dans lequel la majeure partie des travaux sont menés par des chercheuses et chercheurs indépendants dans des universités ou des hôpitaux, au Canada et ailleurs dans le monde. Grâce au travail ardu accompli jusqu’à présent, nombre d’études ont été publiées dans des revues scientifiques réputées et de haute qualité. Dans le cas des études à long terme, de nombreux scientifiques ont publié des rapports et des données préliminaires afin que des consœurs et confrères puissent les examiner et en tirer de nouvelles connaissances.
Donc, dans l’ensemble, il y a bel et bien un nombre grandissant d’études disponibles sur les vaccins contre la COVID-19 et la fertilité. Les données, provenant des nombreuses études produites à ce jour, nous indiquent que les vaccins contre la COVID-19 ne nuisent pas à la capacité d’une femme de devenir enceinte ou de mener une grossesse à terme.
Maintenant, penchons-nous sur certains détails.
Même s’il est vrai qu’on n’a pas recruté de femmes enceintes pour participer aux essais cliniques des vaccins contre la COVID-19, certaines participantes sont tombées enceintes pendant le déroulement des essais. Si l’on regarde uniquement les vaccins Pfizer/BioNTech (Comirnaty) et Moderna (Spikevax), les données montrent que :
- 36 participantes au total sont devenues enceintes (23 dans les groupes de Pfizer/BioNTech et 13 dans les groupes de Moderna);
- environ la moitié de ces grossesses sont survenues dans les groupes témoins (ceux qui n’ont pas reçu le vaccin), l’autre moitié s’est déclarée dans les groupes expérimentaux (ceux qui ont reçu le vaccin) :
- 12 grossesses dans le groupe témoin de Pfizer/BioNTech, 11 grossesses dans le groupe expérimental;
- 7 grossesses dans le groupe témoin de Moderna, 6 grossesses dans le groupe expérimental.
- Aucune fausse couche n’a été rapportée dans les groupes expérimentaux des deux vaccins.
Bien que ces chiffres soient faibles, il s’agissait déjà de bonnes nouvelles. Si l’un des vaccins avait altéré la fertilité, nous n’aurions pas enregistré la moitié de ces grossesses dans les groupes expérimentaux. Les données révèlent que les chances de concevoir étaient environ les mêmes dans les groupes témoins et les groupes expérimentaux.
On a fait le suivi de toutes les grossesses, et aucun problème n’est survenu. Ces résultats étaient conformes aux attentes, étant donné que les études de toxicité reproductive et développementale effectuées sur des rongeurs indiquent que les vaccins n’ont aucun effet sur leur capacité à devenir enceinte ou à mener une grossesse à terme. De plus, lorsque le vaccin a été administré pendant la grossesse, on n’a observé aucun préjudice chez les petits.
Aujourd’hui, les campagnes de vaccination vont bon train, et nous n’avons toujours aucune indication que les vaccins contre la COVID-19 nuisent à la fertilité humaine (capacité à devenir enceinte) ou à la grossesse.
Ces observations sont fondées sur une vaste surveillance. Par exemple :
- Des données préliminaires sont tirées du Registre du vaccin COVID-19 pour les personnes enceintes ou qui allaitent (en anglais seulement) – également appelé COVERED. Il s’agit d’une enquête nationale sur l’utilisation des vaccins contre la COVID-19 pendant la grossesse, dirigée par la Dre Deborah Money à l’Université de la Colombie-Britannique. L’analyse de cette étude se poursuit mais, jusqu’à présent, les données provenant de plus de 5 000 participantes ne sont pas préoccupantes en ce qui concerne l’innocuité du vaccin. En fait, elles ne démontrent aucun événement indésirable lié au vaccin ni augmentation du nombre de complications pendant la grossesse.
- Aux États-Unis, une étude de petite envergure axée sur le transfert d’embryons congelés dans le cadre d’une fécondation in vitro (en anglais seulement) a montré que la réponse immunitaire vaccinale « n’empêche pas l’embryon de s’implanter et n’entrave pas le développement en début de grossesse » (traduction libre). Ces données ont amené les auteurs de l’étude à conclure que, au sujet de la COVID-19, ni une infection passée ni des anticorps résultant de la vaccination ne causent la stérilité.
- La recherche au Canada comprend également plusieurs études indépendantes appuyées par le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) et visant à examiner les effets de l’infection à la COVID-19 et de la vaccination contre cette maladie sur la grossesse et le nouveau-né. Dans l’une de ces études, menée par la Dre Deshayne Fell de l’Université d’Ottawa et de l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, on s’est penché sur des issues particulières de la grossesse et de la naissance. L’équipe a découvert que la vaccination contre la COVID-19 pendant la grossesse (en anglais seulement) [ PDF (599 Ko) - lien externe ] n’était pas associée à des issues indésirables aux alentours du moment de l’accouchement.
- Dans une étude de petite envergure réalisée en Israël (en anglais seulement), on a en particulier étudié la fonction du follicule ovarien et la conclusion est que « ni une infection [à la COVID-19], ni le vaccin à ARNm BNT162b2, et ni la réponse immunitaire qu’ils élicitent ne résultent en une altération mesurable de la fonction du follicule ovarien » (traduction libre). En bref, l’étude a révélé que la vaccination n’a pas d’effets négatifs sur les ovaires (tout comme une infection à la COVID-19).
- En janvier 2022, le Groupe de travail sur la COVID-19 de l’Agence européenne des médicaments a diffusé les résultats de ses travaux (en anglais seulement) dans lesquels on a étudié environ 65 000 grossesses à des stades différents. « Aucun signe d’une augmentation du risque de complications pendant la grossesse, de fausse couche, de naissance prématurée, ni d’effets indésirables sur le fœtus après l’administration d’un vaccin à ARNm contre la COVID-19 n’a été détecté. Malgré certaines limites dans les données, les études dans lesquelles on s’est penché sur ces paramètres semblent donner des résultats qui concordent. » (Traduction libre)
Des études de ce type continueront d’être réalisées et l’innocuité des vaccins continuera d’être surveillée partout dans le monde mais, jusqu’à ce jour, les données sur la fertilité, la grossesse et les vaccins contre la COVID-19 n’ont soulevé aucune préoccupation.
Pourquoi recommande-t-on la vaccination en cas de grossesse actuelle ou anticipée?
En plus d’étudier la relation entre les vaccins et la grossesse, des chercheuses et chercheurs ont examiné les répercussions de l’infection à la COVID-19 sur la grossesse. Cette étape a été nécessaire pour déterminer si on devait recommander la vaccination, car elle offre un aperçu important des risques et avantages potentiels.
Quand la pandémie a commencé, de nombreuses questions se sont posées : Si une femme enceinte contracte la COVID-19, que se passera-t-il? Quelles répercussions pourrait avoir la COVID-19 sur la grossesse, et comment ces répercussions pourraient-elles affecter la santé de la mère et de l’enfant?
Pour répondre à ces questions, il est devenu crucial de collecter et d’analyser systématiquement les données – un défi pour lequel les scientifiques du Canada et du monde se sont montrés à la hauteur.
Par exemple, la Dre Deborah Money est à la tête du Projet de surveillance canadienne de la COVID-19 pendant la grossesse (en anglais seulement), également appelé CANCOVID-Preg, à l’Université de la Colombie-Britannique. Les dernières données de ce projet d’envergure nationale montrent que, sur un groupe de femmes enceintes qui contractent une infection à la COVID-19, environ 7,8 % seront hospitalisées pour cette raison et 2 % seront admises aux soins intensifs.
Ces pourcentages peuvent sembler faibles, mais ils ne constituent qu’une partie du tableau. Il est important de comparer ces chiffres avec ceux de personnes du même âge qui ne sont pas enceintes pour comprendre si cette situation pose ou non un risque différent pendant la grossesse. D’après les données actuelles, vous risquez trois fois plus d’être hospitalisée et six fois plus de vous retrouver aux soins intensifs si vous contractez la COVID-19 pendant votre grossesse (par rapport à des femmes qui ne sont pas enceintes).
Nous voyons également un taux de naissances prématurées plus élevé chez les patientes enceintes qui ont la COVID-19. Le pourcentage de bébés qui naissent trop tôt est de 11 % pour les femmes qui ont la COVID-19, comparativement à 6,8 % chez celles qui ne sont pas infectées.
D’autres études montrent en outre que contracter la COVID-19 pendant la grossesse peut avoir des effets négatifs sur le placenta. Il faut davantage de recherches pour comprendre les mécanismes particuliers qui entrent en jeu, mais des données suggèrent que la réponse immunitaire inflammatoire associée à la lutte contre le virus peut engendrer des changements anormaux dans le placenta. Par conséquent, bien que le vaccin n’entraîne pas de problèmes touchant le placenta, le virus, lui, peut être nuisible.
Dans l’ensemble, à l’heure actuelle, la littérature scientifique montre que les femmes enceintes qui contractent la COVID-19 ont un risque accru de développer une forme grave de la maladie (par rapport à des femmes qui ne sont pas enceintes) et de subir des complications en cours de grossesse (par rapport à des femmes enceintes qui ne sont pas atteintes de la COVID-19). De surcroît, les preuves scientifiques montrent qu’il est sécuritaire de se faire vacciner contre la COVID-19 au cours de sa grossesse, et que les vaccins ne sont associés à aucune hausse de risques de complications pendant la grossesse. Les experts du Canada et de nombreux autres pays recommandent donc la vaccination – que vous soyez actuellement enceinte ou que vous ayez l’intention de le devenir – parce qu’elle contribue à vous protéger des formes graves de la maladie.
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