Tirer parti des commentaires des patients pour améliorer les soins primaires
Les médecins de famille ont commencé à mettre à l'essai un outil numérique facile à utiliser qui pourrait aider à améliorer les soins de santé dispensés aux francophones, aux anglophones et aux membres d'autres minorités linguistiques du Canada. L'écoute des patients et l'apprentissage auprès d'eux sans alourdir le fardeau des médecins et des infirmières surchargés de travail seront la clé du succès de cet outil.
Cofondé par la Dre Sharon Johnston et le Dr Bill Hogg, avec le financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Réseau canadien d'information pour les cliniques de première ligne (RCIP) réunit des spécialistes en soins primaires, en santé publique, en communication et en analyse de données. Le système sur lequel il repose a été conçu par et pour des prestataires de soins primaires. Les cliniques de médecine familiale qui en bénéficient sont souvent de petite taille et ne disposent pas de l'infrastructure numérique et des équipes informatiques sur lesquelles peuvent compter bon nombre d'hôpitaux pour recueillir et utiliser les données des patients.
« Nous concevons des approches durables et rentables pour les équipes de soins primaires afin de leur permettre de joindre leurs patients par voie numérique, dans le but ultime d'utiliser les commentaires de ces derniers pour améliorer les soins qui leur sont fournis », explique la Dre Johnston, médecin de famille et chercheuse.
Le RCIP joue en quelque sorte le rôle d'un magasin en ligne auprès duquel les médecins de famille ont accès à un répertoire de courts messages gratuits fondés sur des données probantes, reposant sur les commentaires des patients, le tout en partenariat avec le Bureau de santé publique de l'Est de l'Ontario. Chaque message est court et rédigé en langage clair, ce qui le rend plus accessible aux personnes dont la langue maternelle n'est pas l'anglais.
Les médecins peuvent utiliser ce service pour fournir des renseignements sur divers sujets saisonniers, tels que la maladie de Lyme, les vaccins contre la grippe, la fumée provenant des feux de forêt, la chaleur extrême, et même sur ce que les parents peuvent faire à la maison pour leur enfant malade en cas de pénurie de médicaments contre la fièvre. Les messages peuvent être envoyés par courriel ou par texto à tous les patients ou à des groupes de patients ciblés.
La Dre Johnston explique que le soutien financier supplémentaire provenant d'une subvention Catalyseur des IRSC leur permet d'accroître l'utilité de ce service.
« Nous cherchons à mieux cerner les besoins de nos minorités linguistiques de langue officielle et autres minorités linguistiques, et à mieux y répondre. Ainsi, en plus de pouvoir envoyer des messages de santé bilingues et personnalisables, les médecins peuvent également ajouter un lien vers un court sondage numérique interrogeant les patients sur tout besoin insatisfait relatif à de l'information sur la santé ou des ressources communautaires ou sur tout obstacle à l'accès aux soins », explique la Dre Johnston, directrice scientifique et vice-présidente associée de la recherche à l'Institut du Savoir Montfort, un hôpital francophone situé dans l'Est d'Ottawa, où se trouve la plus grande minorité francophone du pays.
Le groupe consultatif de patients du Réseau canadien de recherche en soins primaires, un réseau financé par les IRSC dans le cadre de la Stratégie de recherche axée sur le patient, a contribué à l'élaboration des questions du sondage et en commentera les résultats.
Le projet vise 340 fournisseurs de soins primaires qui offrent des services à environ 450 000 patients. Les réponses des patients sont regroupées pour l'ensemble des pratiques, des régions et des provinces afin d'aider les médecins à mieux connaître les besoins particuliers des francophones, des anglophones et des autres minorités linguistiques dans leur pratique.
« L'objectif consiste à trouver des approches de soins primaires qui nous permettent d'utiliser les données pour apprendre et faire mieux, ce qui constitue le fondement d'un système de soins primaires apprenant qui tient compte des patients », déclare la Dre Johnston.
À titre d'exemple, un nouvel arrivant francophone d'Afrique de l'Ouest vivant à Winnipeg peut avoir des besoins différents en matière de soins de santé et d'information sur la santé qu'un agriculteur francophone de cinquième génération vivant à Cornwall, en Ontario.
« Nous voulons savoir si les personnes récemment arrivées au Canada ou les personnes issues d'un milieu culturel ou ethnique différent ont des besoins particuliers sur le plan des ressources pour les enfants ou pour la santé mentale, par exemple, explique-t-elle. Les différentes minorités linguistiques peuvent avoir des besoins qui leur sont propres en raison de facteurs socio-économiques ainsi que de contextes culturels et communautaires. Nous pouvons ensuite transmettre ces résultats globaux de nombreuses pratiques à chacune de celles-ci. »
Pour amener les médecins et les patients à se servir du système, il faut qu'ils y consacrent peu d'effort numérique, selon la Dre Johnston. « Nous favorisons la mobilisation des patients et des médecins, puis nous utilisons leur rétroaction pour améliorer les soins. »
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