Nouvelles voies vers la santé et le bien-être par l'entreprise sociale – Résumé

Le 23-24 février 2015
Toronto, Ontario

Contexte

L'atelier « Nouvelles voies vers la santé et le bien-être par l'entreprise sociale » a été coanimé par l'Institut de la santé publique et des populations des Instituts de recherche en santé du Canada (ISPP des IRSC) et l'Université Caledonian de Glasgow (en anglais seulement), avec l'appui du réseau Science et Innovation du Royaume-Uni (en anglais seulement). Cet atelier constituait pour ces partenaires la première occasion d'échanger avec des intéressés de différents horizons, mais tous préoccupés par les questions d'entreprise sociale (ES), de santé des populations ou d'équité en santé. Cette rencontre a réuni des praticiens d'entreprises sociales, des chercheurs spécialisés dans l'étude des entreprises sociales et des chercheurs en santé des populations, qui partagent un intérêt envers ce type d'entreprise et son impact sur la santé ou l'équité en santé, ainsi que des membres des équipes de l'ISPP des IRSC, du réseau Science et Innovation du Royaume-Uni et de l'Université Caledonian de Glasgow.

Qu'est-ce que l'entreprise sociale?

Les opinions divergent quelque peu sur la définition de l'entreprise sociale (en anglais seulement). Parmi les éléments communs de plusieurs définitions, citons ce qui suit :

  • l'objectif principal est d'agir pour le bien commun, particulièrement pour s'attaquer à la vulnérabilité sociale;
  • le commerce est la principale source de revenus (réalisés ou recherchés);
  • les bénéfices sont utilisés pour le bien social ou de la collectivité;
  • les actifs sont bloqués pour le bien commun;
  • l'approche s'appuie sur le fait d'être bon employeur ainsi que sur des collectivités démocratiques et habilitantes, la collaboration et la justice sociale.

Objectifs de l'atelier

  • Discuter du microcrédit et d'autres interventions d'entreprise sociale et leur lien avec la santé publique et l'équité en santé.
  • Définir un ensemble de projets de recherche collaboratifs fondés sur l'action et l'évaluation pour aider à façonner les prochains programmes de recherche et demandes de financement.
  • Déterminer les étapes suivantes pour orienter un atelier à venir.

Points saillants de l'atelier

Cet atelier comprenait des présentations, des discussions entre experts et des séances en petits groupes qui ont notamment permis d'aborder les points suivants : le croisement entre les interventions en santé des populations et les entreprises sociales (ES), les synergies et les tensions entre la santé publique et les ES, le profil des ES au Canada et à l'étranger, des exemples de recherche sur les ES et le rôle du contexte en matière d'ES.

Les thèmes suivants se sont dégagés des discussions entre experts et des présentations :

La possibilité pour les entreprises sociales d'avoir un impact sur la santé

Une grande part des discussions tout au long de cet atelier ont porté sur les répercussions que les entreprises sociales peuvent avoir sur la santé des personnes et de la collectivité. Les participants à l'atelier ont indiqué que les entreprises sociales pouvaient agir à l'égard de certains déterminants sociaux de la santé, y compris l'aliénation. En s'attaquant à l'aliénation, on peut faire le lien entre les facteurs de risque en amont et en aval.

La création d'emploi peut contribuer à améliorer les relations interpersonnelles dans une collectivité. De surcroît, l'impact positif d'occuper un emploi peut avoir un effet d'entraînement en amenant les employés à prendre en mains leur santé. Même une petite hausse des revenus peut faire une grande différence; elle peut en effet avoir une incidence sur l'alimentation et les soins dentaires.

Toute ES peut constituer une initiative de santé publique puisqu'elle a pour mission de combattre des aspects de la vulnérabilité sociale; cependant, il importe de noter que la plupart des entreprises sociales ne sont pas créées dans le but d'améliorer la santé. Les participants ont aussi souligné à quel point il est important de tenir compte du coût de la négligence.

L'entreprise sociale et la recherche

Les participants ont discuté longuement des meilleures façons d'étudier et d'évaluer les entreprises sociales. Ils ont insisté sur l'importance d'adopter des stratégies participatives pour l'étude et l'évaluation des ES. Il est particulièrement important de mettre à contribution les employés d'entreprises communautaires et sociales dans l'établissement des indicateurs d'évaluation des ES, car cela leur permet de s'approprier l'information et leur donne la possibilité d'inclure les éléments qu'ils jugent importants à étudier. Il a été suggéré que des ressources soient fournies aux ES pour permettre à leur personnel d'évaluer ses propres pratiques.

Les participants ont beaucoup discuté de la façon d'élaborer un ensemble commun d'indicateurs pour évaluer la recherche sur les ES. Ils ont suggéré l'approche axée sur le gagne-pain durable, utilisée en développement international, mais aussi applicable aux collectivités. Cette méthode, développée au départ par le Department for International Development du Royaume-Uni est « fondée sur les forces » et comprend des éléments de déterminants sociaux de la santé. Elle mesure la résilience; par exemple, la capacité d'une personne à traverser des périodes éprouvantes sur les plans émotif, physique et mental.

Nous devons élaborer de robustes méthodologies pour faire avancer la recherche sur l'entreprise sociale. Les participants ont indiqué qu'il fallait faire état de tous les avantages, notamment en matière de santé, d'économie et de société, pour présenter une image plus complète aux gouvernements et autres intervenants. Toutefois, nous aurions tort de croire que nous devons tout mesurer.

Certains ont mentionné l'importance de tenir compte du rendement social des investissements issus de l'entreprise sociale. Par exemple, il serait utile de produire des données claires  démontrant combien a été investi et combien a été épargné grâce à cet investissement. Il pourrait être judicieux d'examiner les indicateurs établis ailleurs qu'au Canada.

À propos de la façon dont les comités de financement peuvent établir les indicateurs, l'une des approches suggérées est d'inclure une liste d'éléments contextuels à examiner, mais de la laisser ouverte pour permettre aux chercheurs d'ajouter ce qu'ils jugent pertinent. Il est alors possible d'effectuer des comparaisons tout en tenant compte de circonstances uniques. Cela permet également aux chercheurs de prendre en compte les contextes émergents.

Il faut établir une stratégie pour éviter de travailler en vase clos et pour harmoniser nos façons de faire, une éventuelle avenue de recherche.

L'entreprise sociale et le contexte

Les participants ont discuté de l'importance de comprendre les influences contextuelles de l'entreprise sociale. Ils se sont demandé quels sont les aspects contextuels qui comptent, et quand.

Ils ont indiqué qu'il est nécessaire de comprendre pourquoi l'entreprise sociale fonctionne dans certains contextes donnés et pas dans d'autres; cette question nécessite des méthodes de recherche mixtes et constitue un domaine de recherche important pour l'avenir.

Les participants ont insisté sur l'importance d'intégrer le contexte à toute théorie sur le changement. Nous essayons de bâtir une logique de l'intervention aux résultats, en mettant toutefois l'accent sur les interventions. Il peut être difficile de prescrire les éléments contextuels qui devraient toujours être inclus dans les projets de recherche à cause de la variabilité du contexte.

Points saillants du travail en petits groupes

  • Nous devons nous méfier de l'hypothèse normative selon laquelle toutes les ES sont « bonnes » de manière inhérente (ou, à l'inverse, que les entreprises traditionnelles sont « mauvaises »).
  • Nous devons d'abord démontrer l'incidence des ES sur la santé et le bien-être des gens. Quand nous aurons démontré que l'entreprise sociale influe sur la santé, nous pourrons alors nous pencher sur les questions de durabilité.
  • Nous devons mieux comprendre comment le bien-être financier peut être amélioré, même si les revenus augmentent relativement peu.
  • Il faut être conscient du fait que les résultats en matière de santé ne sont souvent constatés que sur une période assez longue; la recherche longitudinale peut être coûteuse.
  • Plusieurs provinces canadiennes ont des données assez solides sur les initiatives d'entreprise sociale qui pourraient être mieux utilisées.
  • Certaines (ou de nombreuses) entreprises sociales ne se perçoivent pas naturellement comme des « intervenants » en santé publique. Devons-nous revoir notre vocabulaire et la façon dont la recherche est encadrée afin que les entreprises sociales s'identifient à la santé publique et voient leur potentiel à cet égard?
  • Une compréhension profonde de l'importance du contexte est cruciale pour évaluer l'impact des ES. Cependant, cet impact dépend souvent en grande partie du contexte et n'est pas généralisable, ce qui peut constituer un problème pour les interventions auprès des populations.
  • Nous pouvons aussi apprendre des répercussions constatées dans le passé. Nous pourrions, par exemple, demander aux gens qui ont participé à une ES (par l'emploi) s'ils ont toujours un emploi. Combien de visites à l'urgence de moins ont-ils effectuées? Combien de personnes n'ont pas eu de diagnostic de diabète, mais étaient jugées prédiabétiques?
  • On manque de moyens en entrepreneuriat social. La capacité de mener de la recherche au niveau universitaire sur le sujet ne signifie pas qu'on puisse l'appliquer sur le terrain.
  • Bref, il existe plusieurs modèles de collecte de données probantes. Il faut trouver un équilibre et trouver la manière la plus efficace de recueillir des données probantes en tenant compte du fait que les ES ont souvent des capacités limitées, mais qu'elles savent pertinemment ce qui importe le plus pour leurs bénéficiaires.

Progrès réalisés depuis l'atelier

Nous avons considérablement progressé depuis la tenue de cet atelier. Plus particulièrement, des collaborations ont été établies, des demandes et des déclarations d'intérêt ont été présentées à différents bailleurs de fonds pour étudier divers éléments de l'entreprise sociale. Par ailleurs, le Projet de sondages sur le secteur des entreprises sociales au Canada, qui recueille de l'information sur les entreprises sociales par province, a inclus une question sur la santé dans le sondage 2015 sur les entreprises sociales effectué actuellement en Ontario. De plus, l'ISPP des IRSC prévoit inclure les entreprises sociales comme types d'intervention en santé des populations dans sa prochaine possibilité de financement de projets de recherche interventionnelle en santé des populations.

Nous avons hâte d'avoir des nouvelles des participants tandis que les collaborations continueront de se forger au Canada, au Royaume-Uni, en Australie et aux États-Unis.

Veuillez communiquer avec I'ISPP si vous souhaitez obtenir un exemplaire complet du rapport de l'atelier « Nouvelles voies vers la santé et le bien-être par l'entreprise sociale ».

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