COVID-19
« Un monde, une santé » : front commun contre la COVID-19 et les inégalités
À ce jour, les données probantes suggèrent que le SRAS-CoV-2, le virus causant la COVID-19, s’est d’abord transmis des animaux aux humains. Aux yeux du Dr Ronald Labonté, spécialiste en sciences sociales et expert en santé publique à l’Université d’Ottawa, ce type d’infections figure au haut de la liste des préoccupations sanitaires mondiales qui méritent une attention immédiate. Le hic, c’est qu’il est difficile de s’y attaquer, car les interactions entre animaux et humains dont découlent les risques d’infection sont aujourd’hui complexes et ancrées dans les mœurs.
« Impossible de mener une lutte efficace dans un seul secteur, explique le spécialiste. Les experts en sciences animales, humaines, environnementales et sociales doivent s’associer pour trouver des solutions. »
Cette approche collaborative, l’Organisation mondiale de la santé l’a baptisée « Un monde, une santé », et il s’agit du point de départ des travaux du Dr Labonté sur la réponse mondiale à la COVID-19. Ce projet vient s’ajouter au Réseau Une seule santé (Global 1HN), un réseau interdisciplinaire qu’il dirige aux côtés de la Dre Hélène Carabin, de l’Université de Montréal. Ayant pour objectif l’amélioration de la gouvernance mondiale des maladies infectieuses et de la résistance aux antimicrobiens selon une approche sanitaire universelle, le Réseau se trouvait dans une position favorable pour commencer sans délai le travail en lien avec la pandémie de COVID-19.
Le Dr Labonté et ses partenaires s’appliquent maintenant à soutenir les mesures de santé publique fondées sur des données probantes durant la pandémie. Leur stratégie multidimensionnelle repose notamment sur l’utilisation d’un nouveau système de surveillance des médias sociaux pour suivre la propagation de la maladie (et non celle de la mésinformation), ainsi que sur l’examen des options à privilégier pour veiller à ce que les vaccins et les traitements soient abordables pour tous.
L’apport du Dr Labonté dans cette entreprise vise l’intégration des principes d’équité dans les mesures gouvernementales prises pour lutter contre la COVID-19. « Nous savons qu’il s’agit d’une menace qui se nourrit des disparités en santé », précise le spécialiste, pour qui il est déjà évident que la pandémie affecte les gens différemment selon leur statut socio-économique, au Canada comme ailleurs. Cette disparité dans les effets potentiels indique clairement la nécessité de mettre en place des mesures d’aide et de protection qui tiennent compte des besoins des groupes vulnérables. Le Dr Labonté et son équipe de l’Université d’Ottawa suivent et documentent les mesures prises contre la pandémie partout dans le monde en vue de relever les lacunes en matière d’équité et de formuler des recommandations pour l’amélioration des politiques.
Selon lui, le temps est venu non seulement d’établir un plan d’action mondial réfléchi, mais aussi de mener une réflexion profonde.
« Quel genre de “normalité” souhaitons-nous pour la suite, pour l’après-pandémie? s’interroge-t-il. Notre projet vise à tirer des leçons de la crise actuelle, mais aussi à en examiner les éléments déclencheurs. Si nous n’essayons pas de venir à bout de ces problèmes, tout ce que nous ferons, c’est répéter les pires erreurs de cette ancienne “normalité” pour mieux réinstaurer les conditions ayant mené à la crise actuelle. »
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