COVID-19

Des changements nécessaires : renforcer les soins de santé et la capacité sanitaire pour les communautés africaines, caribéennes et noires de l'Ontario

Dre Josephine Etowa
Dr Bagnini Kohoun

La pandémie de COVID-19 a été décrite comme une « grande égalisatrice », parce que le nouveau coronavirus ne se soucie pas de qui vous êtes lorsqu'il infecte ses victimes. Ce concept a servi à créer un sentiment de responsabilité partagée : si nous sommes tous potentiellement à risque, nous devons tous faire ce qu'il faut pour freiner la propagation de la COVID‑19.

Le caractère nouveau de la maladie peut susciter ce sentiment de risque et de responsabilité partagés, mais la pandémie ne touche pas tous les groupes de façon égale. Comme les autres crises sanitaires qui l'ont précédée, la pandémie de COVID‑19 met en évidence des disparités qui existaient déjà au Canada.

« Il y a eu un nombre de cas et un impact disproportionnés au sein des communautés racialisées, affirme la Dre Josephine Etowa, professeure à l'Université d'OttawaNote en bas de page 1. Les communautés africaines, caribéennes et noires sont particulièrement vulnérables quant à leur susceptibilité à la COVID-19 et à leur accès à des soins appropriés. »

Cette vulnérabilité — et le risque de maladie qui en résulte — est liée à un certain nombre de facteurs sociaux et économiques que l'on appelle couramment les déterminants sociaux de la santé. Ces facteurs peuvent influer sur la santé de façon positive ou négative, mais pour les personnes qui vivent diverses formes d'inégalité ou situations de désavantage, l'effet cumulatif sur leur santé a tendance à être négatif, et ces effets négatifs sont exacerbés par la pandémie. Pour cette raison, il est plus difficile, en définitive, pour les communautés désavantagées de faire face à la COVID-19Note en bas de page 2.

Les effets en cascade des situations de désavantage méritent qu'on s'y intéresse en tout temps, mais la pandémie y a ajouté un autre niveau d'urgence. Pour répondre à certains des besoins actuels relatifs à la COVID-19, la Dre Etowa dirige un nouveau projet qui implique de travailler directement avec les communautés africaines, caribéennes et noires (ACN) ainsi que les prestataires de soins de santé en Ontario dans le cadre d'une recherche participative communautaire. Cette approche collaborative « crée un environnement qui permet de trouver des solutions ensemble » en réunissant des universitaires, des partenaires communautaires, des décideurs, des responsables de la santé publique et des prestataires de soins de santé qui cherchent à atteindre les mêmes objectifs.

Plus précisément, le projet vise à améliorer la réponse du système de santé à la pandémie en réduisant autant que possible la propagation et l'impact de la COVID-19 dans les communautés ACN — et tout commence par les communautés elles-mêmes. « Il est important de prendre leur réalité comme point de départ et de s'en servir pour aller de l'avant », explique la Dre Etowa, ajoutant que l'équipe cherche à atteindre les gens en personne et grâce à un sondage en ligne (en anglais seulement). « Et tout n'est pas négatif. Malgré les nombreux défis auxquels les gens doivent faire face, il y a une force considérable au sein des communautés; nous pouvons le reconnaître et en tirer des leçons. »

Un tel dialogue avec les gens requiert des partenariats solides avec des responsables et des organisations communautaires comme l'Organisation de la santé des Canadiens d'origine africaine (CADHO) (en anglais seulement). La CADHO est une entité sans but lucratif créée afin d'améliorer la santé et les soins de santé des personnes d'origine africaine au Canada par une participation communautaire transformatrice dans la région d'Ottawa et au-delà. Elle est l'une des parties prenantes dévouées et enthousiastes du projet.

« Ce projet cadre très bien avec notre vision », déclare le Dr Bagnini Kohoun, président de la CADHO, notant que l'organisation est très désireuse de contribuer à la recherche et à l'éducation à la santé. « Chaque étape du projet inclut une contribution de la communauté. À la CADHO, nous connaissons bien cette communauté, alors un de nos rôles est de mobiliser les gens pour qu'ils participent activement à tout ce qui se fait, depuis les entrevues et les discussions initiales jusqu'à la diffusion et à l'utilisation des résultats de la recherche. »

La composante liée à la recherche implique notamment de recueillir de l'information auprès des communautés ACN concernant leurs expériences relatives au système de santé. Un manque de confiance dans le système peut affaiblir encore davantage la capacité des membres de ces communautés à faire face à la COVID-19, en particulier si elles y ont déjà subi des torts ou si elles évitent certains services en raison de la manière dont elles craignent d'être traitées.

Évaluer l'état des pratiques actuelles de soins de santé et la perception qu'en ont les communautés exige la contribution et la collaboration des prestataires de soins de santé. L'équipe de la Dre Etowa mènera des sondages et des entrevues pour en savoir plus sur leurs expériences quant à la prestation de soins aux personnes ACN. « Il ne s'agit pas de juger les personnes, souligne-t-elle. Nous désirons plutôt savoir ce dont les prestataires ont besoin. Il s'agit de développer leurs compétences culturelles, y compris en incluant des aspects qu'on ne leur a probablement jamais enseignés ou dont ils ne sont pas conscients. Nous pouvons les aider à ne pas nuire aux gens, et ils peuvent avoir confiance en leur capacité à fournir des soins appropriés. »

Qu'est-ce que les déterminants sociaux de la santé?

Les déterminants sociaux de la santé (DSS) sont largement reconnus comme ayant un impact considérable sur la santé des personnes et des communautés. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit ces déterminants comme « les circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ».

Les DSS sont les circonstances de la vie quotidienne (telles que l'accès à une alimentation adéquate et nutritive, ou à un logement sûr et stable) ainsi que les éléments qui ont une incidence sur la vie d'une personne (tels que le développement durant la petite enfance, l'inclusion sociale, le niveau d'instruction et d'alphabétisation, et l'accès à des occasions d'emploi).

Tous ces facteurs influent sur la santé de la population canadienne, pour le meilleur et pour le pire. En outre, des études ont montré qu'ils sont en grande partie à l'origine des différences quant à l'état de santé qui existent entre les communautés et au sein de celles-ci.

Pour de l'information et des ressources supplémentaires, veuillez consulter les sites suivants :

Les composantes du projet — notamment le fait de susciter la participation de membres déterminés des communautés, de s'informer sur les expériences vécues et les lacunes sur le plan des soins, de répondre aux besoins des prestataires et d'assurer un transfert des connaissances entre les groupes de parties prenantes — sont tous des éléments constitutifs servant à accroître la capacité des personnes, des communautés, des organisations et du système à faire face à la pandémie. L'équipe de la Dre Etowa a l'intention de rassembler toutes ces composantes en créant des ressources en ligne et d'autres types de matériel complémentaire pour aider à faire en sorte que la recherche mène à des politiques et à des modèles de pratique en soins de santé qui soient inclusifs pour les communautés ACN. Les membres de l'équipe aideront aussi à promouvoir les connaissances en santé dans les communautés en formant des pairs éducateurs et en organisant des séances d'information portant sur la COVID-19. Dans l'ensemble, le projet constitue un excellent exemple de la manière dont le processus de recherche participative communautaire peut unir les gens pour qu'ils trouvent ensemble de meilleures façons d'aller de l'avant.

« Nous trouvons ce projet emballant, car il permettra de toucher beaucoup de gens, affirme le Dr Kohoun. Parce qu'ils se sentent inclus et respectés, les membres de nos communautés ont le sentiment d'être partie prenante à ce projet — et lorsque les gens se sentent intégrés, ils sont motivés à travailler en faveur de changements positifs. »

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