COVID-19
Dépistage et prise en charge : mise au point de meilleurs tests et traitements contre la COVID-19 grâce à la recherche sur les peptides
Lorsque le Dr Mohan Babu a vu la rapidité avec laquelle la pandémie de COVID-19 se propageait dans le monde, en mars, il a décidé d'interrompre ses travaux pour se consacrer à de nouvelles recherches. Le Dr Babu, biochimiste à l'Université de Regina, savait que les tests de dépistage et les traitements allaient devenir des priorités et que ces deux domaines pouvaient bénéficier de son expertise.
Grâce à un nouveau financement fédéral, le Dr Babu peut désormais se concentrer exclusivement sur des projets de recherche sur la COVID-19. Comme il l'avait prédit, la nécessité de mettre au point des tests plus efficaces, plus rapides et plus accessibles continue de faire les manchettes, et les efforts se poursuivent pour concevoir de meilleurs traitements (médicaments) afin de soigner les personnes malades. Le Dr Babu collabore avec des experts de cinq universités canadiennes sur ces deux chantiers.
En ce qui concerne le dépistage de la COVID-19, il travaille en étroite collaboration avec les membres de son équipe pour mettre au point un test peu coûteux, qui est fait au moyen de la salive au lieu d'un prélèvement nasal.
« Le problème est que si l'infection n'est pas dépistée chez les patients asymptomatiques, présymptomatiques ou qui ont des symptômes légers, la transmission communautaire va continuer, explique le Dr Babu. Ce test unique en son genre permettra de déceler dans la salive du patient des peptides (fragments de protéines ou d'acides aminés à chaîne courte) qui sont des marqueurs très spécifiques de l'infection par le SRAS-CoV-2 (le virus qui cause la COVID-19). Le test permettra de déceler ces marqueurs (même dans les cas asymptomatiques, précoces et légers) avec une précision visée de plus de 90 %. »
Contrairement aux autres tests faits au moyen de la salive, qui nécessitent d'analyser les échantillons en laboratoire, ce test s'accompagnera d'un petit dispositif portable pour l'analyse immédiate du prélèvement. S'il y a une infection, l'indicateur, facile à lire, la détectera en quelques minutes. Au lancement du prototype au début de 2021, ce dispositif sera une option de dépistage rapide, facile et moins effractive (sans prélèvement dans le nez). Par ailleurs, il sera probablement plus sûr pour les travailleurs de la santé, car ils pourront se tenir plus loin des patients lors du prélèvement. Idéalement, toutefois, le test ne sera pas administré par du personnel de santé, car il sera conçu pour un usage à domicile et dans les établissements communautaires.
En ce qui concerne le traitement, le Dr Babu dirige un projet visant à cibler la protéine de spicule qui donne son nom au coronavirus (« corona » signifie « couronne », et la spicule forme les pointes au bout de la « couronne » du coronavirus). La couronne se lie à des récepteurs spécifiques sur les parois cellulaires, un peu comme une clé qui s'insère dans une serrure. C'est ainsi que le virus envahit les cellules et entraîne l'infection. Les chercheurs du monde entier se penchent sur ce problème. Bon nombre d'entre eux consacrent leurs efforts à mettre au point des médicaments qui interfèrent avec cette « méthode de clé et de serrure » permettant au virus d'entrer dans la cellule.
Cependant, alors que la plupart des études portent sur l'hôte (la « serrure »), le Dr Babu se concentre sur le virus (la « clé »).
« Le virus "sait" quel endroit il veut cibler, comme s'il avait une porte préférée pour entrer dans la cellule, explique-t-il. Si vous changez la serrure de cette porte, le virus peut être bloqué, mais il a probablement un mécanisme de secours qui lui permet d'essayer sa clé sur une autre porte. »
Le Dr Babu et son équipe créent donc des peptides spécialement conçus pour empêcher le virus de se lier à un récepteur (en empêchant, en gros, la clé de s'insérer dans quelque serrure que ce soit), ce qui empêcherait l'évolution d'une infection à la COVID-19.
Cependant, bien que les résultats obtenus jusqu'à présent soient encourageants, ces recherches prennent beaucoup de temps : il faut environ 4 à 5 semaines pour synthétiser une seule protéine spécialisée, et cette tâche doit être effectuée par un autre laboratoire. Les nouvelles réalités que sont les retards d'expédition et les pénuries d'approvisionnement peuvent aussi ralentir le processus. De plus, l'accès aux installations appropriées (c'est-à-dire celles qui sont approuvées pour faire des analyses avec une substance biologique dangereuse comme le SRAS-CoV-2) peut retarder les choses encore plus. Il y a néanmoins une lueur d'espoir. En effet, deux des peptides spécialement conçus ont déjà démontré un fort potentiel de réussite. L'équipe fera des tests sur des modèles animaux cet automne et, si tout va bien, les essais cliniques de phase I (sur l'humain) visant à utiliser ces peptides comme traitement potentiel de la COVID-19 pourraient débuter en janvier 2021.
Comme la plupart d'entre nous, le Dr Babu souhaite parfois obtenir des réponses plus rapidement, mais certains éléments et processus ne peuvent tout simplement pas être précipités.
« Nous travaillons tous très fort et nous sommes tous stressés, dit-il, mais la science portera ses fruits. »
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