Message de Norman Rosenblum, directeur scientifique de l’INMD
Octobre 2021
J’ai récemment lu dans le Washington Post un magnifique article (en anglais seulement) de Carolyn Johnson qui rend compte de la remise, cette année, du prestigieux prix Lasker-DeBakey pour la recherche médicale clinique (en anglais seulement) aux Drs Katalin Karikó et Drew Weissman. Les travaux fondamentaux et translationnels de ces deux illustres scientifiques, dont les noms sont maintenant très connus, ont mené à la découverte d’une nouvelle technologie thérapeutique qui a facilité la mise au point rapide de vaccins à ARN messager (ARNm) très efficaces contre la COVID‑19, outils essentiels de la lutte contre la pandémie ayant sauvé des millions de vies dans le monde entier.
On a maintes fois répété que ces vaccins ont été produits en moins d’une année, 11 mois à vrai dire. Or, ce que l’article de Mme Johnson illustre, c’est le travail indispensable effectué durant plusieurs décennies qui a servi de fondement à la création de ces vaccins. Les Drs Karikó et Weissman, deux spécialistes des sciences fondamentales aux passions différentes, ont jeté les bases de la mise au point des vaccins en ciblant les cellules dendritiques, d’une part, et en étudiant la manière d’utiliser l’ARNm pour l’administration de médicaments, d’autre part. Constatant la complémentarité de leurs idées, les scientifiques ont décidé de conjuguer leurs efforts et ont consacré des décennies aux problèmes biologiques fondamentaux qu’il fallait résoudre pour exploiter le potentiel de la recherche translationnelle. Lynda Stuart raconte, elle aussi, cette quête de plusieurs décennies dans son article (en anglais seulement) publié le 1er octobre dernier dans la section du New England Journal of Medicine qui traite des répercussions cliniques de la recherche fondamentale. J’ai été fasciné par ce texte qui parle des travaux des Drs Karikó et Weissman visant à atténuer la capacité du système immunitaire de reconnaître l’ARNm et de déclencher un choc inflammatoire potentiellement mortel. L’article aborde en outre la biologie comparative des ARN exogènes et endogènes et l’idée simple des deux scientifiques qui consistait à modifier chimiquement l’ARNm afin d’éviter la reconnaissance immunitaire et de favoriser une production de protéines dépendant de cet ARN. Je recommande la lecture de ces deux articles ainsi que le visionnement d’une vidéo produite par les IRSC, Demandez à un scientifique : La recherche sur les vaccins contre la COVID-19 a-t-elle été trop précipitée?, qui explique comment la mise au point des vaccins s’est fondée sur des années de recherche fondamentale.
Ces exploits m’amènent à réfléchir à notre capacité, ici au Canada, de nous pencher sur des questions de fond liées aux systèmes biologiques humains et à leurs troubles du point de vue de la science fondamentale ainsi que sur la pléthore de problèmes de base en biologie et en pathologie qui ne sont toujours pas résolus dans les divers domaines relevant du mandat de l’INMD, à savoir la nutrition, le métabolisme, l’intestin, les reins et le foie. Sommes-nous en mesure de transformer les découvertes fondamentales au profit de la population du Canada et du monde entier? Le nouveau plan stratégique de l’INMD, axé sur la santé nutritionnelle et métabolique, reconnaît l’importance de la découverte et de l’application des connaissances dans l’optique de l’hétérogénéité, de l’équité et du renforcement des capacités afin d’optimiser la santé de nos concitoyens. Il est donc opportun d’examiner la capacité de notre milieu de recherche de réaliser des découvertes fondamentales et les travaux translationnels nécessaires à la concrétisation de notre vision. J’invite toutes nos parties prenantes ― particuliers, équipes, réseaux et organismes ― à nouer le dialogue avec l’équipe de l’INMD et moi pour aborder ces questions et trouver des stratégies favorisant l’atteinte de nos objectifs. D’ailleurs, au cours des prochains mois, l’Institut mobilisera nombre de ses parties prenantes dans le contexte de la mise en œuvre de son nouveau plan stratégique.
Références :
- JOHNSON, Carolyn. « A scientific hunch. Then silence. Until the world needed a lifesaving vaccine. (en anglais seulement) », [En ligne], The Washington Post, 1er octobre 2021..
- STUART, Lynda. « In gratitude for mRNA vaccines (en anglais seulement) », New England Journal of Medicine, vol. 385, no 15, 7 octobre 2021, p. 1436-1438. doi : 10.1056/NEJMcibr2111445.
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