Les lauréats des Prix du pionnier 2016
L'Institut de la santé publique et des populations (ISPP) des IRSC a créé le Prix du pionnier en santé des populations pour honorer les chercheurs ayant contribué de façon exceptionnelle au domaine de la recherche interventionnelle en santé des populations. Ce prix récompense aussi le leadership, le mentorat et l'innovation.
L'ISPP des IRSC est heureux d'annoncer les lauréats choisis :
Début ou milieu de carrière :
Fin de carrière :
« Je tiens à féliciter les lauréats des Prix du pionnier de l'ISPP des IRSC, les Drs Hammond, Leatherdale et Jha. L'ISPP est ravi de récompenser ces spécialistes de la recherche interventionnelle en santé des populations de renommée internationale pour leur contribution à l'avancement de la science des solutions. Ces lauréats font ressortir l'apport considérable des scientifiques canadiens qui s'attaquent aux problèmes les plus urgents en santé des populations. »
Dr Scott Leatherdale
Dr Scott Leatherdale est professeur agrégé et titulaire d'une chaire de recherche appliquée en santé publique des IRSC et de l'ASPC à l'École de la santé publique et des systèmes de santé de l'Université de Waterloo.
Qu'est-ce que le Prix du pionnier signifie pour moi?
« Je suis vraiment honoré de recevoir ce prix que j'accepte avec humilité, car je songe à plusieurs autres candidats au Canada qui le méritent amplement. Je crois que la prévention primaire est l'assise de la santé publique, c'est pourquoi il est impressionnant de voir qu'on reconnaît le travail dans ce qui constitue, selon moi, l'un des domaines de la recherche en santé parmi les plus stimulants et enrichissants. »
Résumé de recherche
La recherche du Dr Leatherdale consiste à promouvoir une approche des activités de prévention primaire fondée sur la science des systèmes, à définir et à évaluer des interventions en santé des populations recoupant de multiples catégories de facteurs de risque, et à créer une infrastructure de recherche pour faciliter de vastes études de population en prévention des maladies chroniques.
La production de données solides sur la santé de cette population et l'utilisation efficace de ces données à l'appui d'une action rapide constitue une difficulté qui empêche une prévention efficace au niveau de la population. Pour surmonter cette difficulté, il est impératif que nous travaillions ensemble afin de renforcer la boucle de rétroaction entre les chercheurs qui produisent de nouvelles données probantes et les intervenants du système de santé publique qui sont responsables de la mise en œuvre de mesures de prévention.
L'objectif premier de mon programme de recherche innovateur est de répondre à ce besoin. Dans une grande mesure, mon travail actuel est conçu à dessein pour répondre à de nombreuses questions en santé publique appliquée (à plusieurs niveaux d'influence, dans plusieurs domaines thématiques, qui concernent de nombreux intervenants); jeter les bases pour encadrer des stagiaires et de nouveaux chercheurs dans un modèle de pensée systémique appliquée pour la prévention primaire; renforcer la capacité nationale requise pour planifier, mettre en action, évaluer et adapter des stratégies visant à faire avancer la santé des adolescents, des jeunes adultes et des adultes d'âge mûr dans de multiples catégories de facteurs de risque de maladies chroniques; renforcer notre capacité de comprendre et de résoudre les inégalités entre les groupes à risque parmi la population; accroître notre capacité de comprendre de quelle façon différents milieux physiques et sociaux modèlent les trajectoires de santé ou influencent les résultats de différents programmes et de différentes politiques; favoriser une pratique davantage fondée sur des données probantes par des partenariats engagés entre chercheurs et utilisateurs des connaissances.
Au bout du compte, le but de mes activités de recherche et de mentorat est de rendre possible la génération rapide et solide de données fondées sur la pratique pour faire avancer la prévention des maladies chroniques. Je suis très reconnaissant de pouvoir montrer, grâce à cette bourse, pourquoi mon travail rehausse la capacité de recherche et de pratique en matière de prévention à l'échelle nationale, et pourquoi j'adore faire ce que je fais pour gagner ma vie.
Dr David Hammond
David Hammond est professeur agrégé et titulaire d'une chaire de recherche appliquée en santé publique des IRSC à l'École de santé publique et des systèmes de santé de l'Université de Waterloo.
Qu'est-ce que le Prix du pionnier signifie pour moi?
« Je suis très heureux que l'ISPP des IRSC reconnaisse l'importance des interventions au niveau des populations pour réduire l'impact des maladies chroniques. J'accepte volontiers ce prix au nom d'une nouvelle génération de scientifiques canadiens à la recherche de solutions à plusieurs des plus importants défis de santé au Canada et ailleurs dans le monde. »
Résumé de recherche
La recherche du Dr Hammond porte sur des interventions visant à réduire les maladies chroniques au niveau des populations. Il collabore étroitement avec des gouvernements de partout dans le monde et travaille comme conseiller auprès de l'Organisation mondiale de la santé. Le Journal de l'Association médicale canadienne lui a déjà décerné un prix Les plus grandes réalisations du Canada dans la recherche en santé, en reconnaissance de sa contribution aux politiques de lutte au tabagisme dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Il agit également comme témoin expert dans des causes portées devant les tribunaux, principalement pour le compte de gouvernements cherchant à défendre leur règlementation en matière de santé contre les contestations judiciaires de l'industrie de l'alimentation et du tabac.
Ma recherche est consacrée à l'élaboration et à l'évaluation d'interventions en santé des populations dans deux domaines principaux : la lutte au tabagisme et la promotion du poids santé. Le tabagisme et l'obésité sont les plus importants facteurs de risque associés aux principales causes de décès au Canada, et les deux sont influencés par les disparités socioéconomiques. Mon travail consiste à fournir aux décideurs dans ces domaines les meilleures données probantes possible afin de guider les politiques et les interventions au niveau des populations. Mon programme de recherche mise sur des méthodes innovatrices, notamment l'utilisation d'études de cohorte dans différents pays afin d'exploiter des « expériences naturelles » en matière de politique de prévention, et l'emploi de nouvelles technologies pour améliorer la surveillance au niveau des populations.
Mon travail influence directement les politiques et la règlementation en matière de santé au Canada et à l'étranger de trois façons principales : 1) production de données empiriques pour éclairer l'élaboration de nouvelles politiques; 2) application des connaissances en appui aux lois et aux règlements, notamment sous forme de témoignages devant des organes parlementaires; 3) soutien aux décideurs dans la défense de politiques innovatrices contre les contestations judiciaires. Jusqu'à présent, mes travaux ont été cités à titre de preuve clé dans des études d'impact de la règlementation et des documents de consultation dans une douzaine de pays. Je travaille comme conseiller auprès de l'Organisation mondiale de la santé dans le contexte de la Convention-cadre pour la lutte antitabac, et j'ai contribué à la rédaction de lignes directrices sur le traité pour les 180 pays qui l'ont ratifié. J'ai aussi agi comme consultant en matière de règlementation antitabac pour divers pays, dont le Canada, le R.-U., l'Australie, Singapour, les É.-U. et la Commission européenne. Dans ce rôle, j'ai été appelé à témoigner devant le Parlement canadien, le Parlement européen et d'autres organes législatifs. L'importance de ma contribution se reflète aussi dans ma participation comme témoin expert au règlement de litiges liés à la lutte au tabagisme. J'ai également agi comme expert pour le compte de gouvernements dans des causes ayant fait jurisprudence où des compagnies ont tenté d'annuler des lois antitabac et des lois visant à promouvoir une saine alimentation.
Dr Prabhat Jha
Dr Prabhat Jha occupe la chaire professorale dotée en épidémiologie et santé mondiale à l'Université de Toronto, est titulaire de la chaire de recherche du Canada à l'École de santé publique Dalla Lana et est directeur fondateur du Centre de recherche en santé mondiale (CGHR), coparrainé par l'Hôpital St. Michael et l'Université de Toronto.
Qu'est-ce que le Prix du pionnier signifie pour moi?
« Je suis profondément honoré de recevoir le Prix du pionnier de l'ISPP des IRSC. Ce prix prestigieux constitue une reconnaissance des efforts collectifs ayant permis de réduire de moitié les décès prématurés causés par le tabagisme dans de nombreuses populations, et un rappel du travail considérable qui reste à faire au Canada et ailleurs dans le monde. »
Résumé de recherche
Dr Jha est chercheur principal à la Million Death Study, en Inde, qui quantifie les causes de la mortalité prématurée dans plus de deux millions de foyers. Ses articles sur la lutte au tabagisme ont mené à l'élaboration d'un traité mondial signé par plus de 180 pays. Il a en outre fondé la Statistical Alliance for Vital Events, qui se concentre sur la mesure fiable de la mortalité prématurée à l'échelle mondiale.
Le tabagisme a fait une centaine de millions de victimes au siècle dernier et, si la tendance actuelle se maintient, le nombre de victimes atteindra environ un milliard au 21e siècle, la plupart dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI). Les études réalisées au Centre de recherche en santé mondiale (CGHR) (en anglais seulement) et ailleurs démontrent que les bienfaits de la cessation du tabagisme sont beaucoup plus importants qu'on l'avait cru : les fumeurs qui abandonnent le tabac avant l'âge de 40 ans (et préférablement plus tôt) réduisent de plus de 90 % leurs risques de décès lié au tabagisme. Malgré la régression généralisée du tabagisme dans de nombreux pays à revenu élevé (au Canada, la consommation par adulte a chuté de moitié depuis les années 1970), la plupart des quelque 1,1 milliard de fumeurs actuels vivent dans des PRFI, où la cessation du tabagisme demeure rare et qui, par conséquent, sont les plus durement touchés par la hausse actuelle des décès liés au tabac.
Le CRSM a pour but d'accélérer l'arrivée du moment où le tabagisme sera en forte baisse parmi les adultes dans le monde (et attirera de moins en moins de jeunes), pour ainsi prévenir des millions de décès prématurés. Pour ce faire, nous misons sur deux stratégies de recherche. La première consiste à quantifier localement les dangers du tabac de manière fiable, ce dont les PRFI ont un urgent besoin, non seulement pour informer les fumeurs, mais aussi pour inciter les gouvernements à agir. La Million Death Study en Inde a recouru à des méthodes d'étude cas témoins simples (et faciles à reproduire) pour démontrer que le tabagisme tue déjà un million d'Indiens chaque année (environ le même nombre qu'en Chine). La deuxième stratégie consiste à étudier les aspects économiques des interventions visant à réduire la consommation. Nous travaillons directement avec des leaders et des groupes qui, au niveau national ou institutionnel, mettent les découvertes scientifiques en application. Nous avons donc influencé les taux de taxes d'accise dans les Caraïbes, en Inde, au Mexique, en Afrique du Sud, aux Philippines, au Canada et ailleurs.
La recherche du CRSM a démontré l'efficacité des hausses de taxes pour réduire le tabagisme, a contribué à un traité international ratifié par 180 pays, et a permis de recueillir environ 650 millions de dollars US pour la lutte au tabagisme. Le prestigieux Prix du pionnier des IRSC soutiendra la future commission Lancet sur la lutte mondiale au tabagisme.
Si le nombre d'études nationales combinant épidémiologie et économie continue d'augmenter, chacune aura pour effet d'accroître le nombre de pays déterminés à réduire le tabagisme. Les fortes hausses de taxes d'accise pourraient prévenir environ 200 millions de décès au cours des prochaines décennies, et demeurent la solution la plus pragmatique pour atteindre l'objectif des Nations Unies visant à réduire du tiers les décès liés aux maladies chroniques d'ici 2030.
- Date de modification :