Plan stratégique 2023-2028
Vieillir autrement - Offrir de nouvelles perspectives aux personnes âgées
- Introduction et contexte
- Orientations stratégique A : Mettre en place des stratégies de prévention et promouvoir la santé et le bien-être des personnes âgées
- Orientations stratégique B : Adapter le système de soins de santé pour mieux subvenir aux besoins des personnes âgées
- Orientations stratégique C : Améliorer l’expérience du vieillissement et la qualité des soins prodigués dans les dernières années de vie
- Priorités transversales
- Le regard tourné vers l’avenir
Introduction et contexte
-
Reconnaissance des territoires traditionnels
Le présent plan a été élaboré à l’Université Western, située sur le territoire traditionnel des peuples anishinaabek, haudenosaunee, lūnaapéewak et attawandaron. Associé aux traités d’Achat du canton de London et d’Achat du canton de Sombra de 1796 ainsi qu’au wampum de la chaîne d’alliance du plat à une cuillère, ce territoire abrite encore aujourd’hui divers peuples autochtones que nous reconnaissons comme gardiens originels et intendants contemporains des terres. D’un bout à l’autre du Canada, nous reconnaissons également les terres ancestrales et les territoires traditionnels non cédés de tous les peuples inuits, métis et des Premières Nations qui y vivent. Au moyen d’activités de mobilisation, de recherche et de service communautaire, nous œuvrons à nouer des relations empreintes de respect avec l’ensemble des peuples autochtones et à avancer sur le chemin de la guérison et de la réconciliation.
-
Message de la directrice scientifique
La nécessité absolue de placer la santé et le bien-être de la population âgée de notre pays en tête de liste de nos priorités devient plus que jamais impérative et deux phénomènes en apportent une preuve éclatante : d’une part les conséquences de la COVID-19 et la transformation des besoins de la population âgée au sortir de la pandémie, et d’autre part l’évolution démographique du pays et plus précisément l’accélération du vieillissement de la population, une tendance qui se poursuivra au cours des prochaines décennies. Ces deux phénomènes nous confrontent à nos priorités, mais se traduiront à l’avenir par des possibilités de collaboration inédites et de nouvelles perspectives. À mesure que nous déploierons nos orientations stratégiques, nous compterons sur l’engagement du milieu de la recherche sur la population âgée au Canada à tenir le rôle qui lui revient en apportant des solutions aux répercussions de ces phénomènes et en dotant notre population âgée des moyens d’y faire face tout en favorisant la santé et le bien-être de chaque membre de la société à toutes les étapes de la vie.
La COVID-19 a profondément bouleversé la vie des personnes âgées au Canada et dans le reste du monde. Ces trois dernières années de pandémie ont en effet été particulièrement éprouvantes pour une population en âge avancé confrontée à l’âgisme, à un accès restreint aux soins, aux effets de la solitude et de l’isolement sur la santé mentale, à l’augmentation des troubles cognitifs et plus généralement à la fragilisation de leur état de santé. Pourtant, malgré ce contexte, cette même population a démontré une capacité de résilience à toute épreuve et manifesté un vif intérêt pour la promotion de la santé, pour la mitigation des risques sur la santé et pour le vieillissement en santé. En parallèle, l’attention portée à des lieux de vie adaptés, équitables et qui assurent le bien-être des personnes âgées n’a cessé de croître.
Pour répondre aux enjeux de l’accélération de la croissance démographique de la population âgée au pays, de nouvelles avancées dans l’approfondissement de nos connaissances sur le vieillissement et la mise en place de modèles de soins efficaces au moyen de systèmes de soins intégrés doivent voir le jour. Nos nouvelles orientations stratégiques placent le vieillissement en santé ainsi que la prévention et la mitigation des risques connexes au cœur de notre action, dans l’optique de réduire la prévalence de problèmes de santé complexes. Notre détermination à impulser l’acquisition de nouvelles connaissances et à les mobiliser et notre valorisation de systèmes de connaissances divers ouvriront la voie à l’équité en santé à toutes les étapes de la vie, à l’élimination de l’âgisme et à l’allongement de l’espérance de vie des personnes en âge très avancé. Ensemble, nous parviendrons à repenser notre approche du vieillissement et procurerons aux personnes âgées le sentiment légitime de constituer des membres à part entière d’une société qui a besoin de leur contribution.
Notre plan stratégique repose sur le ressenti et les témoignages des membres de notre communauté dans toute leur diversité et vise à poursuivre le formidable travail accompli par les personnes qui nous ont précédé à la direction scientifique et au sein du comité consultatif de l’Institut et qu’il convient de saluer. J’adresse mes sincères remerciements à l’équipe exceptionnelle de l’Institut du vieillissement des IRSC, composée de Joanne Goldberg, de la Dre Flamine Alary, de la Dre Susan Rogers, de la Dre Patricia Versteegh, d’Étienne Murgues, de Theresa Noonan et de Teresa Ford, pour la passion et l’enthousiasme dont elle fait preuve au quotidien dans l’accomplissement de notre mission, ainsi qu’à l’ensemble de nos collègues aux IRSC pour leur soutien, leur collégialité et leur collaboration. Je souhaite également témoigner ma gratitude aux membres du conseil consultatif de l’Institut, du Conseil consultatif des personnes âgées et des conseils régionaux actuels pour leurs avis éclairés et leur expertise tout au long de l’élaboration du plan stratégique. Enfin, je tiens à mettre en lumière la précieuse contribution du milieu de la recherche sur le vieillissement dans la préparation de nos orientations stratégiques et la définition de nos priorités, dont l’engagement continu mérite toute notre reconnaissance.
Je suis honorée d’œuvrer avec notre communauté à la concrétisation de la vision établie dans le nouveau plan stratégique de l’Institut du vieillissement des IRSC, dont l’objectif sera de promouvoir la recherche au service d’un accès équitable à la santé pour les personnes âgées en vue d’offrir de nouvelles perspectives à cette population et de lui permettre de vieillir autrement.
R. Jane Rylett, Ph. D., MACSS
Directrice scientifique, Institut du vieillissement des IRSC
Professeure émérite
Chercheuse, Institut de recherche Robarts
Université Western -
Message de la présidente du conseil consultatif de l’Institut
L’importance de concentrer notre attention sur les personnes âgées et de combler nos lacunes sur les stratégies propices à la protection de la santé et du bien-être de cette catégorie de la population devient primordiale. L’Institut du vieillissement joue un rôle prépondérant dans le soutien à l’excellence de la recherche dans ce domaine à l’échelle nationale. Pour mettre en place son plan stratégique, l’Institut n’a pas agi seul et a pu compter sur la participation de parties prenantes de l’ensemble du pays. Le plan reflète les voix de personnes possédant un vécu expérientiel, de centres de recherche spécialisés dans le vieillissement, des membres de notre comité consultatif et du milieu de la recherche du Canada.
Le respect des principes d’équité, de diversité et d’inclusion fait partie intégrante de notre démarche scientifique. Nous estimons que tout projet de recherche doit assurer la représentation de chaque membre de notre société, indépendamment de son genre, de son âge, de son profil ethnique, de son éventuelle appartenance à un peuple Autochtone ou encore de son statut socioéconomique, quel que soit le domaine concerné. Cette démarche augmentera la qualité et la portée des résultats de recherche et leur application ciblée dans des domaines d’études variés et améliorera ainsi la santé des personnes âgées et les services sociaux qui leur sont offerts.
Paula A. Rochon M.D., M.S.P., FRCPC
Directrice fondatrice du Women’s Age Lab, Hôpital Women’s College
Professeure, Département de médecine et École de santé publique Dalla Lana
Chaire des ERO en médecine gériatrique
Université de Toronto -
L’Institut du vieillissement des IRSC et sa communauté
L’Institut
L’Institut du vieillissement est l’un des treize instituts des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), l’organisme fédéral de financement de la recherche en santé. Son mandat, qui consiste à « appuyer la recherche visant à favoriser un vieillissement en santé et à étudier les causes, la prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement, les systèmes de soutien et les soins palliatifs relativement à certains problèmes de santé complexes des personnes âgées », couvre tous les domaines de recherche liés au vieillissement et à la population âgée, des questions biologiques jusqu’aux enjeux de santé publique, et vise à soutenir l’excellence de la recherche et de la formation dans toute sa diversité. Investi de la mission de faire avancer le plan stratégique des IRSC, l’Institut du vieillissement travaille en étroite collaboration avec les autres instituts et directions de l’organisme à la mise en œuvre d’initiatives et de programmes d’envergure et à la création de possibilités de financement stratégique destinées aux scientifiques et aux stagiaires qui mènent des travaux axés sur la santé des personnes âgées. Les fonctions essentielles de l’Institut sont présentées dans la figure 1.
Le milieu de la recherche sur le vieillissement
Le milieu de la recherche sur le vieillissement du Canada se compose de nombreuses personnes dévouées et passionnées qui participent aux efforts de recherche pour assurer le vieillissement en santé de la population âgée du pays, ce qui inclut les professions de la recherche, des stagiaires, des organismes de financement et de santé, des personnes utilisatrices des connaissances, des œuvres de bienfaisance en santé, des patientes et patients partenaires, des personnes possédant un vécu expérientiel et leurs proches, des entreprises du secteur privé et de l’innovation, des décisionnaires, etc.
« L’Institut du vieillissement des IRSC forme le ciment fédérateur des centres de recherche sur le vieillissement au Canada et insuffle le dynamisme dont ont besoin notre communauté et notre réseau de recherche pour exister. Le Programme d’été de l’Institut rassemble les prochaines grandes figures de la gérontologie et constitue une initiative louable. »
Le Canada a la chance de compter sur un milieu de la recherche sur le vieillissement dynamique et bien établi dont les membres possèdent une expertise dans les quatre grands thèmes de recherche qui relèvent du mandat des IRSC : la recherche biomédicale, la recherche clinique, la recherche sur les services de santé et la recherche sur les facteurs sociaux, culturels et environnementaux qui influent sur la santé des populations. Du fait de l’accélération du vieillissement de la population canadienne, le besoin d’augmenter substantiellement les efforts de recherche et les effectifs nécessaires pour les mener, notamment dans les domaines de la médecine gériatrique et de la recherche clinique sur la santé des personnes âgées, devient vital si nous voulons acquérir des connaissances et mettre en œuvre des approches fondées sur des données probantes qui favoriseront le vieillissement en santé des populations en âge avancé dans le contexte qui leur est propre. Pour répondre à ce besoin pressant, nous prévoyons mobiliser et soutenir le milieu de la recherche sur le vieillissement et mettons en place des stratégies de renforcement et de développement des partenariats. Nous invitons également les directions des quelque 40 centres de recherche canadiens sur le vieillissement à intensifier leurs efforts de recherche, à établir des ententes avec nos instituts et le milieu de la recherche et à donner de l’impulsion à la mise en commun des connaissances et à ses retombées.
Une démarche fondée sur le ressenti et les témoignages des membres de notre communauté
« L’ambition du plan stratégique de l’Institut du vieillissement concorde avec l’intérêt croissant de la société pour le vieillissement en santé et pour l’allongement de la durée de vie en activité. Ce plan présente des priorités stratégiques distinctes qui convergent vers un même objectif : le respect des personnes âgées et des droits de la personne. Je tiens également à saluer la démarche de l’Institut visant à se laisser guider par le ressenti et les témoignages de la population âgée du pays. »
Les points de vue des personnes âgées et des personnes qui leur prodiguent des soins éclairent le travail de notre Institut et revêtent à ce titre une importance cruciale. Nous comptons notamment sur les orientations et les conseils avisés des divers membres de notre conseil consultatif d’institut, qui se compose de personnes en âge avancé, de patientes et patients partenaires et de spécialistes du Canada et de l’étranger qui exercent dans le domaine du vieillissement et des politiques connexes. En 2021, nous avons également formé le Conseil consultatif des personnes âgées afin d’être au plus près de la population en âge avancé et des personnes qui leur prodiguent des soins et d’éveiller leur intérêt pour notre action, ce qui nous permet d’être plus facilement à l’écoute de leurs témoignages révélateurs et d’apprendre de leur expérience pour subvenir à leurs multiples besoins. La forte mobilisation suscitée par cette initiative a abouti à la mise sur pied de quatre conseils régionaux qui font résonner les voix d’un plus grand nombre de personnes âgées et de personnes aidantes au pays. Le Conseil consultatif des personnes âgées et les conseils régionaux ont grandement contribué à l’élaboration de notre nouveau plan stratégique, s’assurant notamment de la cohérence des priorités définies avec les besoins actuels et futurs de la population âgée et de la pertinence des moyens mobilisés pour les combler.
-
Notre vision et notre mission
Vision
Promouvoir l’excellence scientifique pour assurer l’équité d’accès aux soins de santé et améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
Mission
Faire progresser la formation, la recherche et la mobilisation des connaissances pour protéger la santé et favoriser le bien-être de la population canadienne à toutes les étapes de la vie.
Nos valeurs et nos principes
Excellence de la recherche
L’innovation et l’amélioration continue de notre travail font partie de nos priorités. Notre approche inclusive de l’excellence de la recherche met en avant la santé à toutes les étapes de la vie, et c’est en adéquation avec ce principe que nous impulsons le recours à la science ouverte pour faciliter l’accès à la recherche et aux données qui en sont issues et que nous finançons des travaux de recherche de grande qualité, fondés sur des données probantes et qui éclairent les politiques publiques ainsi que des programmes et des services qui apportent des solutions aux enjeux du vieillissement et tirent profit des possibilités offertes.
Équité, diversité et inclusion et intersectionnalité
Nous défendons avec conviction les principes d’équité (justice), de diversité (représentativité) et d’inclusion (participation valorisée) dans toutes nos activités. Nous aspirons également à accroître la participation des populations historiquement sous-représentées dans tous les domaines du système de recherche afin de favoriser l’équité en santé et l’accès équitable aux services de soutien. Enfin, nous luttons contre l’âgisme, veillons au respect des principes de sécurisation culturelle et d’équité linguistique, valorisons les approches intersectionnelles au quotidien et œuvrons à l’atténuation des effets délétères des déterminants sociaux et structurels de la santé sur le vieillissement.
Respect des Premières Nations, des peuples inuits et métis et des droits autochtones
En reconnaissance du statut de détenteurs de droits des premiers peuples du Canada et conformément à notre engagement à agir dans une logique d’alliance et à avancer sur la voie de la réconciliation, nous incitons les communautés autochtones et le milieu de la recherche à travailler en collaboration sur des projets de recherche selon une approche fondée sur les distinctions et appuyons les projets de recherche communautaire qui visent à protéger et à améliorer la santé et le bien-être des Premières Nations et des peuples inuits et métis, qui mettent en valeur leurs systèmes de connaissances et modes de vie et qui respectent leur droit à l’autodétermination.
Collaboration, formation de partenariats et mobilisation
Nous accordons une grande importance aux ententes de collaboration et aux partenariats avec les diverses entités et organisations de notre communauté, qui contribuent aux efforts collectifs de renforcement et de mobilisation des connaissances et des ressources et favorisent l’adoption de pratiques et de politiques fondées sur des données probantes et adaptées aux besoins de la population âgée. Nous considérons que les personnes âgées constituent des membres à part entière de notre société et impulsons la prise en compte de l’âge, du vieillissement et du rôle des personnes possédant un vécu expérientiel et des personnes aidantes dans l’ensemble de l’écosystème de la recherche.
Intégrité, responsabilité et transparence
L’intégrité, la responsabilité et la transparence sont des valeurs que nous prônons dans tous les aspects de notre travail et concernent autant nos processus décisionnels que notre communication ou encore notre stratégie d’investissement. Nous appuyons le recours à un modèle de systèmes de santé apprenants qui favorise les partenariats entre le milieu de la recherche et les bénéficiaires de soins et s’appuie sur des données probantes, des rétroactions et des informations recueillies en temps réel dans le but d’assurer l’amélioration continue des services de santé et des protocoles de soins.
Nos engagements actuels
Pour renforcer la recherche dans les domaines stratégiques qui relèvent de notre mandat, nous offrons des orientations et un soutien à plusieurs programmes de recherche nationaux d’envergure, comme l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV), le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV) et depuis peu l’Initiative de recherche sur la santé cérébrale et les troubles cognitifs associés au vieillissement.
Créé en 2009 à l’initiative de l’Institut du vieillissement, l’ÉLCV rassemble des données issues de la recherche sur les populations et appuie les processus décisionnels fondés sur des données probantes qui ont le potentiel d’améliorer la santé et le bien-être de la population canadienne. Les études longitudinales sur le vieillissement contribuent également à la mise en place de solutions propices à l’adoption d’habitudes saines à toutes les étapes de la vie. Dans le cadre de l’étude, des renseignements sur les changements biologiques, médicaux, psychologiques et socioéconomiques sont recueillis auprès de plus de 50 000 hommes et femmes d’âge moyen et avancé sur une période de 20 ans. Ces renseignements feront l’objet de travaux visant à mettre en évidence, sur le plan individuel et collectif, leurs effets sur la santé et sur l’apparition de maladies et de troubles liés au vieillissement.
L’Initiative de recherche sur la santé cérébrale et les troubles cognitifs associés au vieillissement englobe l’ensemble du continuum, du vieillissement sain du cerveau jusqu’aux soins des personnes touchées par la démence, en passant par les troubles cognitifs. Composante fondamentale de l’Initiative, le CCNV est un pôle de recherche créé en 2014 qui s’intéresse aux études réalisées dans un cadre collaboratif et synergique portant sur les maladies neurodégénératives liées au vieillissement. L’Institut du vieillissement joue un rôle moteur en soutenant le CCNV dans sa mission, qui consiste à mobiliser les figures canadiennes les plus talentueuses du domaine en quête d’idées de recherche audacieuses et transformatrices qui amélioreront la qualité de vie des personnes vivant avec une maladie neurodégénérative qui altère la cognition et celle des personnes qui leur prodiguent des soins.
-
Répondre aux besoins d’une population canadienne vieillissante
Le vieillissement de la population de notre pays est acté, et l’évolution démographique, les projections connexes et le contexte de vie propre à la population âgée du Canada, aujourd’hui et demain, sont des questions qui occupent une place importante dans notre plan stratégique. Malgré leur âge avancé, le nombre de baby-boomers surpasse encore aujourd’hui celui de toute autre catégorie de la population, et il est estimé que la progression du vieillissement de la population se poursuivra pendant au moins 20 ans, à mesure que cette génération avance en âge.
La population âgée du Canada
Les personnes âgées du Canada forment un groupe hétérogène, ce qui signifie qu’il se caractérise par des différences qui revêtent de multiples facettes. Au fil des années, ce groupe de population exprime des aspirations et des désirs divers et présente un état de santé et des besoins en soins de santé et en services sociaux contrastés. Un mauvais état de santé n’est pas toujours une conséquence de la vieillesse, puisque de nombreuses personnes entre 70 et 90 ans ont une santé de fer et mènent une vie active. En réalité, l’incidence de la vieillesse sur l’état de santé varie sensiblement d’une personne à l’autre, notamment du fait de facteurs génétiques, de l’environnement, de l’expérience et des modes de vie, ou encore de déterminants sociaux et structurels comme le genre, l’appartenance ethnique ou le statut socioéconomique. Les écarts entre les personnes d’âge moyen et les personnes âgées ont par ailleurs tendance à s’amenuiser, l’état de santé étant loin d’être uniforme dans chaque tranche de la population âgée. La représentation des sexes dans les différents groupes d’âge joue, quant à elle, en faveur des femmes, dont l’espérance de vie est supérieure aux hommes et qui composent 80 % des centenaires.
Bien que l’hétérogénéité de la population âgée du Canada ne fasse plus aucun doute, l’âgisme et les perceptions négatives associées à l’âge perdurent et entraînent des conséquences concrètes sur la santé. L’âgisme, conjugué à la stigmatisation, au racisme systémique, à la discrimination, aux préjugés de genre, au capacitisme et aux inégalités socioéconomiques, peut mener à l’isolement social, à la prestation de soins inadaptés, à une dégradation de la santé voire à une mort prématuréeFootnote 1. Le document Décennie pour le vieillissement en bonne santé 2021-2030Footnote 2 fait de la lutte contre l’âgisme un enjeu prioritaire et souligne que cette forme de discrimination sévit dans les essais cliniques et la prestation de soins et nuit à la santé des personnes âgées. Bien que l’âgisme touche, dans la majorité des cas, la population âgée, il convient de noter que tous les âges sont concernés, y compris les enfants et les jeunes en pleine adolescence.
L’évolution de la démographie canadienne au cours des prochaines années
La baisse du taux de mortalité, l’allongement de l’espérance de vie, le vieillissement des baby-boomers et le recul du taux de natalité sont autant de facteurs qui expliquent l’évolution prévue de la démographie du Canada vers une forte prévalence de personnes âgées au sein de la population. En 2011, les personnes nées à l’aube de la période du baby-boom ont fêté leur 65e anniversaire, augurant par la même occasion une vague de personnes âgées au Canada. Depuis 2016, la proportion de la population de 65 ans et plus dépasse celle des enfants de 15 ans et moins et le fossé continue de se creuser. En 2021, plus de sept millions de personnes ont ainsi passé la barre des 65 ans, ce qui représente une hausse de 20 % par rapport à 2016. Cette catégorie forme aujourd’hui 19 % de la population de notre pays, un chiffre qui s’approche dangereusement du seuil fatidique des 20 % qui ferait basculer le Canada dans la catégorie des sociétés super-vieillissantes, selon la définition des Nations Unies. Les projections démographiques annoncent un doublement de la population canadienne d’au moins 75 ans dans les 20 prochaines années et un triplement de la population de 85 ans et plus d’ici à 2046, qui s’élèverait alors à 2,5 millions de personnes.
L’incidence des maladies chroniques sur le vieillissement en santé
Le rapport Vieillissement et maladies chroniques : profil des aînés canadiensFootnote 3, produit en 2021 par l’Agence de la santé publique du Canada, explique que la moitié de la population âgée du pays s’estime être en bonne, voire en excellente santé, malgré le fait qu’une proportion non négligeable présente des maladies chroniques liées au vieillissement. Cette information suggère que la perception individuelle de l’état de santé n’est pas uniquement associée au bien-être physique et comprend également des facteurs comme la sécurité économique, les relations sociales et le bien-être mental. Plus d’un tiers de la population âgée du Canada présente au moins deux maladies chroniques, et bien que leurs capacités fonctionnelles soient intactes, les personnes concernées en subissent les conséquences au quotidien et nécessitent des services de santé et de soins accrus, ont une qualité de vie limitée et sont exposées à un risque de mortalité qui augmente. Si les taux de mortalité normalisés selon l’âge imputables entre autres au cancer et aux AVC sont en baisse, la tendance est inverse en ce qui concerne la démence, la maladie de Parkinson et l’hypertension, des affections qui touchent principalement les personnes âgées.
L’âge chronologique à lui seul ne détermine pas l’état de santé d’une personne, mais associé aux déterminants sociaux et structurels de la santé et au mode de vie, il joue un rôle prépondérant sur les processus biologiques et sur le risque d’apparition de maladies chroniques et de mortalité. Les problèmes de santé chroniques augmentent certes avec l’âge et sont souvent liés à des facteurs génétiques, mais considérer leur survenue comme inhérente au vieillissement nuit aux efforts de recherche et contribue à perpétuer des idées reçues âgistes, alors que les stratégies de prévention et d’amélioration du bien-être et la réduction de l’iniquité en santé peuvent retarder leur apparition et même freiner leur progression et que les approches axées sur la promotion du vieillissement en santé à tous les âges et la prise en compte des expériences de vie et des activités passées ont le potentiel de produire des bienfaits à des stades ultérieurs de la vie et sur le financement du système de santé.
-
Notre approche du processus de planification stratégique et de l’établissement des priorités
Une démarche fondée sur les témoignages des membres de notre communauté
Les priorités de recherche sur le vieillissement qui seront au cœur de notre action au cours des prochaines années ont été établies à l’issue de vastes consultations menées auprès d’organismes partenaires canadiens et étrangers et de personnes issues du monde de la recherche et de la santé, d’organismes de financement, de personnes utilisatrices des connaissances, de décisionnaires, de membres de notre communauté et de personnes possédant un vécu expérientiel lié à des affections attribuables au vieillissement. Les informations recueillies dans le cadre de ces consultations ont ouvert des pistes de réflexion qui ont grandement éclairé l’élaboration de notre nouveau plan stratégique. Les consultations ont pris la forme de sondages en ligne, de séances de discussion virtuelles, d’ateliers, d’entretiens avec des spécialistes et des partenaires et d’échanges avec les membres de notre conseil consultatif d’institut, de notre Conseil consultatif des personnes âgées et de nos conseils régionaux. Ce processus itératif et fondé sur des données probantes, qui nous a permis de compiler plus de 2 100 réponses, a commencé à une période marquée par la pandémie de COVID-19 et a évolué pour tenir compte de l’incidence de ce profond bouleversement sur la santé, le bien-être et les besoins de la population âgée de notre pays. Des éléments essentiels de nos premières consultations figurent dans l’article COVID-19 et priorités de la recherche sur le vieillissementFootnote 4. Notre plan stratégique s’appuie également sur des consultations entreprises en prévision du lancement de l’Initiative de recherche sur la santé cérébrale et les troubles cognitifs associés au vieillissement en 2022. Un classement des priorités a été dressé lors d’un processus indépendant et dépourvu de jugements de valeur, puis a été validé au terme de quatre séances virtuelles avec le milieu de la recherche canadien qui auront réuni plus de 300 personnes appartenant au domaine de la recherche sur le vieillissement (professions de la recherche, corps médical et stagiaires).
« Ce plan stratégique repose sur la forte mobilisation de parties prenantes importantes et constitue un cadre prometteur pour la mise en application efficace de projets de recherche et la mesure de leurs retombées. Les orientations et priorités stratégiques établies, auxquelles s’ajoutent les domaines de recherche ciblés, assureront la participation significative des personnes âgées possédant des habiletés et des expériences diverses et amélioreront leur santé et leur bien-être. »
Dans le cadre de notre engagement à faire avancer la recherche sur la santé des personnes âgées menée par les Autochtones et à favoriser l’autodétermination des peuples autochtones, nous avons organisé plusieurs séances de mobilisation propices à la formation de partenariats en présence d’aînés, de gardiens du savoir, de scientifiques, de stagiaires et de membres du public autochtones qui ont été guidées par une spécialiste des questions autochtones. Ces séances ont été l’occasion de tenir compte des priorités des groupes autochtones, y compris des populations âgées et des personnes qui leur prodiguent des soins dans les régions rurales et urbaines des Premières Nations et des peuples inuits et métis, et d’établir un plan visant à assurer la participation significative de tous les peuples autochtones aux projets d’amélioration de la santé de leur population âgée. Dans l’optique de nous rapprocher des objectifs fixés par la Commission de vérité et réconciliation, nous centrerons notre action sur les besoins des communautés tout en poursuivant les efforts entrepris pour combler les manques de la recherche sur les perspectives autochtones relativement au vieillissement, pour renforcer les capacités de recherche et pour atteindre l’équité dans le financement de travaux de recherche menés par les Autochtones.
Ce que nous avons entendu
- La perception de l’âge et du vieillissement des personnes âgées doit être prise en compte dans les activités de recherche.
- L’importance des contributions des personnes âgées à la société et les perspectives de recherche qu’elles offrent aux futures générations doivent être reconnues.
- Les personnes possédant un vécu expérientiel doivent jouer un rôle dans l’ensemble de l’écosystème de la recherche.
- La recherche sur les perspectives autochtones relativement au vieillissement doit être approfondie.
- L’âgisme et les préjugés à l’égard des personnes âgées constituent de puissants déterminants sociaux et structurels de la santé.
- Date de modification :