Partie 7 : Notre santé. nos perspectives. nos solutions : Établir une vision commune de la santé
Recueil de cas sur l'engagement des citoyens dans la santé
- Avant-propos
- Introduction
- Parti 1 : La « voix du public » guide Vancouver Coastal Health dans la planification des services dans le domaine du VIH
- Parti 2 : Engager les Canadiens dans l'élaboration d'une stratégie en matière de santé mentale au Canada
- Parti 3 : Évaluation des besoins en santé et bien-être de l'île Campobello (2008-2009)
- Parti 4 : Le forum de consultation du commissaire à la santé et au bien-être du Québec
- Parti 5 : La CommunityView Collaboration
- Parti 6 : Défi commun, solution commune : la Stratégie budgétaire concertée de l'Hôpital Northumberland Hills
- Parti 7 : Notre santé. nos perspectives. nos solutions : Établir une vision commune de la santé
- Parti 8 : Utilisation d'un cadre de bien-être holistique et de réseaux du savoir dans la planification des services de santé aux Métis
- Parti 9 : Engagement des intervenants de la société canadienne du sang sur la question du don d'organes et de tissus
- Parti 10 : Mise en banque de tissus humains en C.-B.
- Parti 11 : Racontez votre histoire, donnez forme à vos soins – engagement du Nord-Ouest de l'Ontario
- Parti 12 : Consulter les citoyens de l'Ontario pour guider l'évaluation des technologies de la santé : Le Groupe consultatif des citoyens sur les technologies de la santé
- Parti 13 : Conseil consultatif de patientes en oncologie d'Eastern Health
- Parti 14 : Le conseil de la politique alimentaire de Toronto : 20 ans de leadership communautaire pour un système alimentaire sain, équitable et viable
Le Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick
Nicole Pollack et Mary Pat Mackinnon, Ascentum
Introduction
Organisme indépendant créé par le gouvernement du Nouveau-Brunswick en 2008, le Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick (CSNB) est chargé de mesurer, de surveiller et d'évaluer la santé des populations et la prestation des soins de santé dans la province et, en bout de ligne, de formuler des recommandations à ce sujet au ministre de la Santé. La création du CSNB découle de la reconnaissance du citoyen comme intervenant le plus important du système de santé.
Pourquoi engager les citoyens?
En février 2010, le CSNB a entrepris un projet d'engagement des citoyens de la province intitulé Notre santé. Nos perspectives. Nos solutions pour l'aider à recommander aux partenaires du système de santé ce que la population estime nécessaire à la création d'un système de santé axé sur le citoyen. L'approche en trois phases a été conçue pour engager les citoyens et les intervenants du secteur de la santé du Nouveau-Brunswick dans un dialogue sur le système de santé provincial, en particulier sur des thèmes comme : ce que les gens valorisent le plus dans le système, comment renforcer le système et comment améliorer les résultats de santé de la province (voir Tableau 1).
Phase I Perspectives |
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Phase II Solutions |
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Phase III terrains d'entente |
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Méthodes
Notre santé. Nos perspectives. Nos solutions était la première initiative d'engagement du public à grande échelle du CSNB. Le Conseil a passé un contrat avec Ascentum, une firme d'engagement public d'Ottawa spécialisée en participation du public et en engagement des intervenants, pour obtenir des conseils stratégiques, de l'aide dans l'établissement de la structure et du scénario du projet d'engagement, ainsi que des services de documentation, d'analyse et d'établissement de rapport.
Les lieux où se sont déroulées les phases I et II (Moncton, Bathurst, Edmundston et Saint John) ont été choisis de façon à ce que tout Néo-Brunswickois puisse participer au dialogue sans avoir à se déplacer sur plus de 200 kilomètres. La phase III, la dernière de l'approche, a comporté une séance de dialogue provinciale à Fredericton, la capitale de la province. Au total, neuf sessions de dialogue ont eu lieu dans le cadre des trois phases.
L'initiative a rassemblé un amalgame de participants : la moitié était des citoyens recrutés au hasard, tandis que l'autre moitié se composait d'intervenants choisis, y compris des membres de divers groupes communautaires et de défense de l'intérêt public, des gestionnaires du secteur de la santé et du mieux-être, des universitaires, des professionnels de la santé, des décideurs du gouvernement provincial et des élus municipaux. Au début, un objectif de 125 participants avait été fixé pour chacun des quatre dialogues de la phase I (soit 500 participants au total), mais en raison des défis liés au recrutement aléatoire de membres du public, le nombre de participants s'est finalement élevé à 310.
Pour la phase II, tous les participants ont été invités à se réunir de nouveau aux mêmes endroits pour une deuxième journée de dialogue afin de poursuivre leur travail ensemble. Plus des deux tiers des participants (223 au total) sont revenus pour cette phase. Ensuite, pour la phase III, un certain nombre de participants—environ le tiers (111) des participants de la phase I—ont été recrutés dans chacun des quatre emplacements pour participer à un dialogue final. Le fait d'inviter les mêmes personnes à participer à plusieurs dialogues leur a permis d'approfondir leur connaissance des dossiers en y réfléchissant entre les phases et, ainsi, d'offrir des perspectives plus riches et plus éclairées d'une phase à l'autre.
À la phase I, le CSNB a fourni de l'information aux participants pour les aider à se faire une idée claire et exacte des défis du système de santé du Nouveau-Brunswick (voir Tableau 2). Le processus encourageait les participants à explorer les aspects du système ayant la plus grande valeur à leurs yeux. À la phase II, les participants ont été invités à imaginer le genre de système de santé souhaité par les Néo-Brunswickois et à concevoir des solutions pour relever les défis posés au système.
À la phase III, le CSNB a validé les constatations des deux premières phases et a aidé les participants à faire le lien entre leurs idées et des secteurs concrets du système de santé, et à établir les priorités d'éventuels plans d'action. Cette phase a employé une approche plus délibérative; des exercices comme « Imaginez que vous êtes la ministre de la Santé » ont permis aux participants de soupeser différentes options reflétant les propositions de valeur et d'examiner les choix difficiles auxquels font face les décideurs dans la répartition des ressources.
À chaque phase, les participants ont été bien soutenus par des Guides de conversation détaillés, qui contenaient une mine d'information accessible sur le système de santé provincial (p. ex. sa structure, ses coûts, ses services) ainsi que les principales constatations de la phase antérieure.
Tableau 2 : Exemple d'ordre du jour à la phase I (8 h 30 - 16 h)
Les participants ont été répartis en plusieurs tables en fonction de leur langue et de leur perspective. Les discussions aux tables se déroulaient en français ou en anglais et, dans la mesure du possible, chaque table regroupait une combinaison égale de citoyens et d'intervenants. L'interprétation simultanée était disponible à tous les lieux pour les présentations et les discussions en plénière. Les dialogues pour chaque phase comportaient un mélange de séances d'apprentissage, de travaux en petits groupes avec animateur, de mises en commun des perspectives en plénière et de votes par clavier numérique sur des questions cruciales. Des animateurs dûment formés, affectés à chaque table, étaient responsables à la fois d'animer les discussions et d'en consigner le contenu sur des feuilles de travail.
Le CSNB a insisté sur l'importance des bonnes pratiques de dialogue tout au long de l'initiative. Au cours des trois phases, il a souligné que le dialogue consistait à collaborer en vue d'explorer et de comprendre différents points de vue. Ainsi, le conseil a rappelé fréquemment aux participants qu'il n'y avait pas de « bonnes » ni de « mauvaises » réponses, seulement des expériences et des perspectives individuelles ayant toutes le même poids et la même légitimité aux yeux du CSNB. Dans leurs évaluations écrites, les participants ont dit avoir réagi très positivement au processus de dialogue.
Les participants ont fourni des commentaires productifs au Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick (voir Tableau 3). Malgré la diversité des perspectives entendues, le degré de cohérence des commentaires des participants à chaque emplacement et tout au long des trois phases révèle un solide consensus à l'échelle provinciale sur des éléments clés qui, ensemble, forment la base d'une vision commune en matière de soins de santé au Nouveau-Brunswick.
Tableau 3: Principales constatations
Résultats et impact
Cette initiative d'engagement en trois phases a été conçue pour « construire graduellement une vision commune » d'un système de santé axé sur le citoyen, par un processus itératif. Elle s'est alignée stratégiquement sur le Plan provincial de la santé (2008-2012), selon lequel le système de santé doit devenir « axé sur le citoyen » dans tous ses aspects. Cet alignement sur le Plan provincial de la santé visait à augmenter la pertinence des résultats pour les planificateurs du système de santé et, ainsi, d'en augmenter l'impact potentiel.
Les résultats de l'initiative Notre santé. Nos perspectives. Nos solutions constituent la pierre angulaire des recommandations soumises par le CSNB à la ministre de la Santé en 2011 pour améliorer le système. Les priorités des participants en matière de soins primaires ont été extrapolées à partir du rapport final et présentées dans un document accessible d'une page. Avant le Sommet de la Ministre sur les soins primaires (20 - 21 octobre 2011), le CSNB s'est servi du document d'une page pour informer la Ministre et bien la préparer à intégrer au rapport du Sommet les messages clés sur les principales priorités des citoyens en matière de soins primaires. Le sous-ministre adjoint de la Santé a mentionné que le rapport d'engagement avait été plusieurs fois l'objet de commentaires positifs aux réunions de la direction du ministère de la Santé.
Les principales constatations de l'initiative ont été présentées à divers décideurs, y compris aux équipes de direction des organismes de santé (ministère de la Santé, Réseau de santé Horizon, Réseau de santé Vitalité, Ambulance Nouveau-Brunswick et FacilicorpNB) et des associations municipales de la province (Union des municipalités du Nouveau-Brunswick et Association francophone des municipalités du N.-B.). De plus, les principales constatations ont été si bien reçues par les associations municipales que le CSNB a été invité à faire une présentation aux zones municipales. Ces activités de diffusion ont porté à l'attention de décideurs gouvernementaux importants les principales constatations et les recommandations de l'initiative. Des membres en vue du gouvernement, y compris la ministre de la Santé, citent le rapport Notre santé. Nos perspectives. Nos solutions dans leur travail quotidien et leurs déclarations publiques.
Leçons apprises
Les défis liés au recrutement ont été riches en leçons. Le CSNB a embauché une firme de recrutement qui a fait plus de 39 000 appels aux Néo-Brunswickois dans l'espoir de recruter 500 participants pour les phases I et II. Au total, 479 personnes ont confirmé leur participation aux dialogues de la phase I, et 310 s'y sont présentées. Le nombre de participants a chuté à 223 à la phase II. Ce taux d'attrition élevé découle peut-être notamment du fait que les participants ne recevaient pas d'allocation ou d'honoraire. Les sessions avaient lieu le samedi pour satisfaire les personnes travaillant aux heures régulières, mais les intervenants et les jeunes ont indiqué que cela décourageait la participation. Le CSNB a appris qu'un réseautage préalable plus intensif est essentiel pour attirer un bon nombre d'intervenants. L'engagement de groupes marginalisés a aussi posé un défi, tout comme la conception d'un processus compatible avec différents niveaux d'alphabétisation. Réalisant qu'un processus unique n'était peut-être pas efficace pour tous les publics visés, le CSNB a établi un deuxième mécanisme d'engagement pour les jeunes adultes.
Une autre leçon apprise concerne l'importance non seulement d'avoir des objectifs clairs et mesurables dès le départ, mais aussi de gérer avec prudence et transparence les attentes des participants quant à l'utilisation des résultats de l'engagement. Le processus a gagné en crédibilité par la présence du directeur général du CSNB, qui a agi comme animateur à toutes les séances et a transmis clairement, à chaque dialogue, le message que les résultats des travaux forment la pierre angulaire des recommandations du CSNB à la ministre de la Santé. Pour obtenir l'adhésion et l'engagement des participants, il s'est avéré essentiel d'expliquer comment leurs contributions seraient utilisées. Les décideurs présents ont trouvé profitable d'entendre les perspectives des citoyens et, de leur côté, les participants avaient l'assurance que leurs voix seraient entendues. Le processus a également démontré que les citoyens avaient la capacité et la volonté d'avoir des discussions sérieuses sur des stratégies rentables en matière de soins de santé lorsqu'on leur soumettait des questions bien formulées et assorties d'information fiable sur le système de santé, dans le cadre d'un processus d'engagement véritable.
Enfin, le CSNB a appris l'importance d'avoir des stratégies de communication continue avec divers groupes (public, intervenants, médias, gouvernement) et de garder contact avec les anciens participants. Tous les participants aux dialogues ont reçu le lien conduisant aux « Recommandations de 2011 du CSNB à la ministre de la Santé », et les intervenants ont été invités à la conférence de presse où le CSNB a officiellement présenté ses recommandations à la ministre de la Santé.
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